Le pays

La République fédérale d’Allemagne est située au centre de l’Europe. Elle a pour voisins neuf Etats: le Danemark au Nord, les Pays-Bas, la Belgique, le Luxembourg et la France à l’Ouest, la Suisse et l’Autriche au Sud ainsi que la République tchèque et la Pologne à l’Est. Cette situation médiane est plus caractérisée encore depuis que l’Allemagne a recouvré son unité étatique, le 3 octobre 1990. Plus que jamais, la République fédérale est une plaque tournante entre l’Est et l’Ouest, mais aussi pour la Scandinavie et le Bassin méditerranéen. Ancrée dans la Communauté européenne et l’OTAN, l’Allemagne est un pont vers la région Grand-Est.

Le territoire de la République fédérale d’Allemagne a une superficie de 357000 km2. La distance maximale Nord-Sud à vol d’oiseau est de 876 km et, d’Ouest en Est, de 640 km. Les points les plus excentriques de la frontière sont List sur l’île de Sylt, au Nord, le village saxon de Deschka, à l’Est, la ville bavaroise d’Oberst dorf, au Sud, et Selfkant (en Rhénanie-du-Nord-Westphalie), à l’Ouest. Les frontières de la République fédérale couvrent une longueur totale de 3758 km.

La population de l’Allemagne est d’environ 82 millions d’habitants. Après la Fédération russe, la République fédérale est l’Etat le plus peuplé d’Europe, devant la Grande-Bretagne et l’Irlande du Nord avec 58,9 millions d’habitants, la France avec 58,5 millions et l’Italie avec 57,5 millions. Par sa superficie, l’Allemagne est toutefois plus petite que la France, avec 544000 kilomètres carrés, et l’Espagne, avec 506000 km2.

Les paysages. Les paysages allemands sont extrêmement diversifiés et pleins d’attraits. Des montagnes de moyenne et haute altitude succèdent à des plateaux, des terrasses en gradins, des contrées vallonnées ou montagneuses et des régions de lacs ainsi que de vastes plaines ouvertes. Du Nord au Sud, l’Allemagne se subdivise en cinq grands types de paysages: la plaine d’Allemagne du Nord, la frange de montagnes moyennes, les gradins d’altitude moyenne d’Allemagne du Sud-Ouest, les Préalpes d’Allemagne du Sud et les Alpes bavaroises.

Au Nord, des plissements de collines de moraines sableuses et d’argile émaillés d’innombrables lacs caractérisent la plaine, ponctuée de landes et de tourbières ainsi que de sols fertiles, vers le Sud, au pied du plissement hercynien d’Allemagne centrale: parmi ces bassins de basse plaine figurent le bassin du Rhin inférieur, le bassin de Westphalie et le bassin de Saxe-Thuringe. Au Nord, les basses terres fertiles conquises sur la mer du Nord vont jusqu’aux moraines sableuses. Dans le Schleswig-Holstein, les Förde, échancrures du littoral, sont typiques de la côte de la Baltique, alors qu’une côte de plages et de cordons littoraux en voie de régularisation prédomine dans le Mecklembourg-Poméranie occidentale. Dans la mer du Nord, les îles les plus importantes sont les îles de Frise orientale comme Borkum et Norderney, les îles de la Frise du Nord comme Amrum, Föhr, Sylt et les «Hallig» ainsi que Helgoland dans la baie de Helgoland. Rügen, Hiddensee et Fehmarn se trouvent dans la Baltique. Le littoral de la Baltique se compose en partie de rives basses et sablonneuses et en partie de falaises escarpées. Entre la mer du Nord et la Baltique se trouve le paysage de basses collines appelé la «Suisse du Holstein».

Des ondulations de moyenne altitude séparent le nord du sud de l’Allemagne; la vallée du Rhin central ainsi que les fossés de la Hesse servent de voies de pénétration naturelles pour la circulation Nord-Sud. Parmi les massifs de moyenne altitude figurent notamment le Massif schisteux rhénan avec le Hunsrück, l’Eifel, le Taunus, le Westerwald, le Pays de Berg et le Sauerland, le Bergland hessois, le Weserbergland et le Leinebergland à l’ouest et au centre de l’Allemagne.

Au cœur de l’Allemagne s’élève le massif isolé du Harz. A l’Est s’étendent la Rhön, la Forêt de Bavière, la Forêt du Haut-Palatinat, le Fichtelgebirge, la Forêt de Franconie, la Forêt de Thuringe et l’Erzgebirge.

Les terrasses en gradins de moyenne altitude du sud-ouest de l’Allemagne comportent le fossé du haut Rhin bordé par les massifs de la Forêt-Noire, de l’Odenwald et du Spessart, la Forêt du Palatinat avec le Haardt et les terrasses en gradins de Souabe-Franconie avec le Jura souabe.

Dans une étroite vallée entre Bingen et Bonn, le Rhin, principal axe de circulation allemand dans le sens Nord-Sud, se fraye un chemin à travers le Massif schisteux rhénan, dont les hauts plateaux et les crêtes peu fertiles sont beaucoup moins peuplés que les contrées des vallées protégées sur les rives gauche et droite du Rhin, caractérisées par la viticulture et un tourisme prospère.

Les Préalpes d’Allemagne du Sud comportent le haut plateau souabe-bavarois avec ses collines et ses grands lacs au Sud, complété par de vastes terrasses de graviers et de cailloux, le pays de collines de la Basse-Bavière et le fossé du Danube. Des caractéristiques de ce paysage sont les régions de moraines, les chaînes de collines en forme de coupole baignées par des lacs (Chiemsee, lac de Starnberg) et ponctuées de petits villages.

La partie allemande des Alpes, entre le lac de Constance et Berch tesgaden, ne comporte qu’une faible partie de cette chaîne de montagnes: elle se limite aux Alpes de l’Allgäu, aux Alpes bavaroises et aux Alpes de Berchtesgaden. De nombreux lacs pittoresques, ainsi le Königssee, près de Berchtesgaden, et des hauts-lieux touristiques appréciés comme Garmisch-Partenkirchen ou Mittenwald se nichent dans l’écrin majestueux des Alpes.

Le climat. Sur le plan climatique, l’Allemagne subit l’influence des vents d’Ouest tempérés et frais, entre l’océan Atlantique et le climat continental à l’Est. De grandes fluctuations de températures sont rares. Les précipitations se produisent en toutes saisons. En hiver, la température moyenne oscille entre 1,5 degré Celsius en plaine et moins 6 degrés en montagne. Les valeurs moyennes en juillet sont de 18 degrés en plaine et de 20 degrés dans les vallées protégées du Sud. Des exceptions à cette règle sont le fossé du haut Rhin avec son climat très tempéré, la Haute-Bavière avec son foehn qui souffle régulièrement, un vent chaud des Alpes venu du Sud, et le Harz, zone climatique spécifique avec ses vents froids, ses étés frais et ses hivers très enneigés.

La population

L’Allemagne est peuplée par près de 82 millions d’hommes (dont 7,3 millions d’étrangers) et sa densité démographique de 230 habitants au kilomètre carré en fait l’un des pays d’Europe les plus densément peuplés. Seules la Belgique, les Pays-Bas, la Grande-Bretagne et l’Irlande du Nord ont une densité démographique encore plus élevée.

La population en Allemagne est répartie de façon géographiquement très diversifiée. La grande région de Berlin, qui connaît un essor rapide depuis l’unification de l’Allemagne, compte actuellement plus de 4,3 millions d’habitants. Dans le bassin industriel du Rhin et de la Ruhr, où les villes se succèdent de façon pratiquement ininterrompue, vivent plus de onze millions d’êtres humains – soit environ 1100 au kilomètre carré.

D’autres grandes agglomérations sont la région Rhin-Main avec les villes de Francfort, Wiesbaden et Mayence, la région industrielle du Rhin-Neckar avec Mannheim et Ludwigshafen, le pôle économique de Stuttgart et ses environs ainsi que les zones d’activité de Brême, Cologne, Dresde, Hambourg, Leipzig, Munich et Nuremberg-Fürth.

A ces régions densément peuplées font pièce des contrées pratiquement désertes, par exemple les paysages de landes et de tourbières de la plaine d’Allemagne du Nord, certaines contrées de l’Eifel, de la Forêt de Bavière, du Haut-Palatinat, de la marche de Brandebourg et de grandes parties du Mecklembourg-Poméranie occidentale.

L’ouest de l’Allemagne est beaucoup plus densément peuplé que les cinq nouveaux Länder de l’Est. Dans cette région vit, sur 30% de la superficie, moins d’un cinquième des habitants de l’Allemagne, soit 15,5 millions d’hommes. Sur les 20 villes de plus de 300000 habitants, deux se trouvent dans la partie orientale de l’Allemagne.

Près d’un habitant sur trois de la République fédérale vit dans l’une des 84 grandes villes de plus de 100000 habitants, soit environ 26 millions d’hommes. La majorité vit par contre dans des villages et des petites villes: près de 6,6 millions ont leur domicile dans des localités de moins de 2000 habitants. 49,7 millions vivent dans des communes dont la population varie entre 2000 et 100000 habitants.

Dans les années soixante-dix, la population a régressé dans les anciens et les nouveaux Länder suite à la baisse du taux des naissances. Avec 10,5 naissances pour 1000 habitants par an (ancien territoire fédéré), l’Allemagne est, malgré une augmentation du nombre des naissances en 1996, l’un des pays à la plus faible natalité du monde. La croissance démographique enregistrée après la Seconde Guerre mondiale a essentiellement eu son origine dans l’immigration. Environ 13 millions d’expulsés et de réfugiés allemands en provenance des anciennes provinces allemandes de l’Est et d’Europe de l’Est sont arrivés sur le territoire de l’actuelle Allemagne.

Jusqu’à la construction du Mur de Berlin, en 1961, et à la fermeture hermétique de la frontière par la RDA de cette époque, il s’est produit un important exode de l’Allemagne de l’Est vers l’Allemagne de l’Ouest. Depuis le début des années soixante, un nombre considérable de travailleurs immigrés étrangers est arrivé dans les anciens Länder de la République fédérale où l’économie en plein essor avait impérieusement besoin d’une main-d’oeuvre supplémentaire qu’elle ne possédait pas sur son propre territoire.

Les différences régionales. Le peuple allemand s’est constitué essentiellement à partir des différentes ethnies allemandes comme les Franconiens, les Saxons, les Souabes et les Bavarois. Aujourd’hui, ces anciennes peuplades ont disparu depuis longtemps sous leur forme originelle, mais leurs traditions et dialectes n’en survivent pas moins à travers les groupes régionaux qui cultivent leur histoire.

Les populations des différents Länder fédérés ne coïncident aujourd’hui pratiquement plus avec les anciennes ethnies. Tels qu’ils existent aujourd’hui, les Länder n’ont en grande partie été créés qu’après la Seconde Guerre mondiale avec le concours des puissances d’occupation, le tracé des frontières n’ayant le plus souvent guère tenu compte des traditions. De plus, les courants de réfugiés et les importantes migrations de l’après-guerre ainsi que, naturellement, la mobilité de la société industrielle moderne ont plus ou moins fait s’estomper les frontières entre les différents groupes de la population.

Des traits de caractère différents ont été depuis toujours attribués aux divers groupes ethniques. Les Mecklembourgeois ont ainsi la réputation d’être fermés, les Souabes économes, les Rhénans bons vivants et les Saxons zélés et madrés – expériences traditionnelles qui, aujourd’hui encore, sont toujours bienvenues pour attiser une rivalité folklorique qui fait sourire entre les différents groupes de la population.

La langue allemande. L’allemand fait partie du groupe générique des langues indo-germaniques et, au sein de celui-ci, des langues germaniques. Il est donc apparenté au danois, au norvégien et au suédois, ainsi qu’au néerlandais et au flamand, mais aussi à l’anglais. L’émergence d’une langue écrite commune est le fruit de la traduction de la Bible par Martin Luther.

L’Allemagne est riche en patois. Le dialecte et la prononciation permettent de reconnaître, chez la majorité des Allemands, de quelle région ils sont originaires. Les dialectes présentent des différences essentielles: à titre d’exemple, si un Frison, un Meck lembourgeois et un Bavarois s’entretenaient dans leur dialecte respectif, ils auraient de grandes difficultés à se comprendre.

Pendant la division de l’Allemagne, un vocabulaire politique différent s’était, en outre, instauré dans les deux Etats allemands; par ailleurs, des mots nouveaux se sont ajoutés, que l’on ne comprenait pas forcément dans l’autre Etat respectif. Malgré tout, le point commun de la langue a été un trait d’union qui a assuré la cohésion de la nation divisée. En dehors de l’Allemagne, on parle aussi l’allemand comme langue maternelle en Autriche, au Liechtenstein, dans la plus grande partie de la Suisse, dans le Tyrol du Sud (Italie du Nord) et dans de petites régions de Belgique, de France (Alsace) et du Luxembourg, le long de la frontière allemande. De même, les minorités allemandes de Pologne, de Roumanie et des pays de l’ancienne Union soviétique ont en partie préservé la langue allemande.

L’allemand est la langue maternelle de plus de 100 millions d’hommes. Environ un livre sur dix qui sont publiés dans le monde entier est écrit en allemand. Parmi les langues à partir desquelles on traduit, l’allemand figure au troisième rang après l’anglais et le français, et l’allemand est la langue dans laquelle on traduit le plus souvent.

Les ethnies intégrées. Les Sorbes de la Lausitz sont les descendants d’ethnies slaves qui ont peuplé la région à l’est de l’Elbe et de la Saale lors des grandes migrations du VIe siècle; ils ont été pour la première fois mentionnés officiellement en 631. Au XVIe siècle, une langue écrite sorbe est née sous l’influence de la Réforme. Alors que les Sorbes avaient bénéficié d’une phase de renaissance nationale dans le sillage des aspirations démocratiques du XIXe siècle, la dictature fasciste du XXe siècle avait prévu de les exterminer. L’Allemagne réunifiée s’est engagée à promouvoir la minorité sorbe. Outre l’Institut de civilisation sorbe à l’Université de Leipzig, il existe de nombreuses écoles, associations et autres institutions qui se consacrent à l’entretien de la langue et de la culture sorbes.

Les Frisons sont les descendants d’une peuplade germanique vivant sur le littoral de la mer du Nord (entre le cours inférieur du Rhin et l’Elbe) et, outre leur langue spécifique, ils ont préservé de nombreuses traditions. Dans la région du Schleswig, en particulier autour de Flensbourg, vit une minorité danoise.

Les concitoyens étrangers. L’Allemagne est un pays qui accueille volontiers les étrangers. Sur les 82 millions d’habitants de la République fédérale en 1996, 7,3 millions étaient des étrangers; tous volontiers venus en Allemagne, ils y restent tout aussi volontiers. Durant des dizaines d’années, cette coexistence n’a soulevé aucun problème bien que le groupe des Italiens, les premiers travailleurs immigrés, se soit élargi avec les Espagnols et les Por tugais puis, plus tard, les Yougoslaves et les Turcs. L’esprit col légial, les relations de bon voisinage et les liens d’amitié compensent largement les tensions occasionnelles de la vie quotidienne.

L’effacement des frontières dans l’UE et à l’Ouest, la déliquescence du bloc oriental ainsi que l’immigration en provenance des pays d’Asie et d’Afrique ont naturellement eu pour conséquence une nette augmentation du nombre d’étrangers d’origines multiples en Allemagne, à l’Ouest évidemment plus qu’à l’Est, où la RDA, à ce point de vue également, imposait un régime restrictif.

Depuis longtemps déjà, les Turcs, avec 2,107 millions, fournissent le plus fort contingent d’étrangers, suivis par les ressortissants de l’actuelle Yougoslavie, de la Serbie et du Monténégro avec 721000. L’Allemagne héberge actuellement 281400 citoyens de Bosnie-Herzégovine et 206600 Croates. Pour les pays de l’UE, les plus forts contingents sont les 608000 Italiens, les 363000 Grecs, les 185000 Autrichiens, les 132000 Espagnols, les 132000 Portugais, les 115000 Britanniques, les 113000 Néerlandais et les 104000 Français. 283000 Polonais, 95000 Roumains et 110000 Américains vivent en République fédérale d’Allemagne.

A cela s’ajoutent, par exemple, 50500 ressortissants de l’ex-Union soviétique, 52000 de Hongrie, 84000 du Maroc, 25500 de Tunisie, 22000 du Ghana, 19600 du Brésil, 66500 d’Afghanistan, 36700 de Chine, 36000 d’Inde, 114000 de République islamique d’Iran, 56000 du Liban, 38000 du Pakistan, 60000 du Sri Lanka et 88000 du Vietnam.

La République fédérale n’a pas seulement prouvé son ouverture en accueillant des demandeurs d’asile et des réfugiés de guerre; elle a aussi toujours été l’un des pionniers de la liberté de circulation ainsi que de la liberté d’exercice de la profession et d’établissement dans la Communauté européenne.

Près de 2,5 millions d’Allemands expulsés des pays de l’ancien bloc oriental, notamment de l’ex-Union soviétique, sont arrivés en République fédérale depuis 1987; en 1997, ce nombre a été de plus de 134000.

La République fédérale est ouverte aux persécutés politiques à un degré unique à l’échelle internationale. Tout comme l’ancien article 16, la nouvelle version de l’article 16a de la Loi fondamentale garantit la protection contre les persécutions politiques en tant que droit fondamental individuel. Ainsi, rien qu’en 1992, l’Allemagne a accueilli près de 80% des demandeurs d’asile recensés dans toute la Communauté européenne. En 1989, par exemple, 121318 étrangers ont cherché asile en Allemagne. De 256112 en 1991, leur nombre est passé à 438191 en 1992. Simultanément, le taux de ceux qui ont pu être reconnus comme victimes réelles de persécutions politiques est retombé à moins de 5%. En 1993, l’Allemagne a accueilli 322600 demandeurs d’asile, nombre qui a sensiblement régressé après l’entrée en vigueur du droit d’asile, le 1er juillet 1993: en 1994, le nombre des demandeurs d’asile n’était plus que de 127210. Ils ont été 127937 en 1995, de 116367 en 1996 et de 104000 en 1997. Avec un amendement de la Constitution adopté aux deux tiers des voix du Parlement («compromis sur l’asile»), qui est en vigueur depuis le 1er juillet 1993 et a été confirmé comme constitutionnel par la Cour constitutionnelle fédérale en mai 1996, le droit d’asile est – selon l’usage courant dans les autres pays également – ramené désormais à sa fonction intrinsèque, à savoir protéger ceux qui sont véritablement victimes de poursuites politiques et ont réellement besoin d’être protégés. Ainsi les étrangers en provenance d’un Etat tiers sûr ne peuvent plus évoquer ce droit fondamental en République fédérale d’Allemagne. En outre, sans préjudice de la Convention de Genève sur les réfugiés, l’Allemagne se réserve le droit de dresser une liste des Etats dans lesquels, selon les constats officiels, il n’y a pas de poursuites politiques et où, donc, il n’y a, en général, pas de motifs pour un asile. En Allemagne, tout demandeur d’asile a toutefois la possibilité de se pourvoir en justice – ce qui peut aller jusqu’à la Cour constitutionnelle fédérale.

La politique des étrangers en Allemagne. Près de la moitié des étrangers vit depuis au moins dix ans en Allemagne, 30 % sont déjà ici depuis vingt ans ou plus. Parmi les étrangers qui vivent ici depuis au moins dix ans, environ 900.000 ont moins de 25 ans. Les deux tiers des enfants et des jeunes sont nés ici.

Dans ce contexte, la politique allemande à l’égard des étrangers fait porter l’une de ses priorités sur l’intégration des immigrés vivant durablement ici. La clef de voûte de cette politique d’intégration consiste à instaurer un droit moderne de la nationalité.

L’intégration des étrangers vivant ici depuis longtemps est encouragée par une série de mesures, notamment par des programmes de promotion linguistique particuliers et un service de consultation sociale spécifique pour les étrangers.

Le commissaire du gouvernement fédéral pour les étrangers est l’interlocuteur des concitoyens étrangers. Il est concerné par la conception et les questions ponctuelles de la politique à l’égard des étrangers et s’entretient à ce sujet avec les hommes politiques d’Allemagne et de l’étranger, les représentants des partenaires sociaux et d’autres groupes de la société; il est en particulier l’interlocuteur des organisations s’engageant en faveur des étrangers. Il encourage notamment les initiatives prises pour promouvoir la population étrangère vivant en Allemagne et, à cette fin, est en contact permanent avec les ambassades des anciens pays de recrutement, se rend lui-même dans ces pays et s’entretient avec les représentants des gouvernements.

Une tâche importante du commissaire consiste à informer exhaustivement et avec compétence sur l’histoire des travailleurs immigrés et leur signification économique, la naissance et le développement de la politique allemande à l’égard des étrangers, les aspects humains de la situation réelle de l’immigration pour les étrangers et les Allemands et, enfin, les liens politiques juridiques de la République fédérale d’Allemagne en vertu des conventions et déclarations internationales.

La République fédérale d’Allemagne continuera de limiter l’arrivée d’étrangers, également dans l’intérêt des étrangers qui vivent en Allemagne et de leur intégration. L’arrêt de recrutement de salariés étrangers originaires d’Etats n’appartenant pas à l’UE, décidé en 1973, reste en vigueur. L’entrée sur le territoire et l’exercice d’une activité rémunérée dans des conditions illégales sont passibles d’une peine.

Selon le droit actuellement en vigueur, les étrangers résidant durablement en Allemagne ne peuvent obtenir la nationalité allemande que par naturalisation, laquelle est régie essentiellement par la loi de 1913 sur l’appartenance au Reich et à l’Etat et par la loi sur les étrangers de 1990. Depuis 1993, les constats de naturalisation visés par la loi sur les étrangers pour les jeunes étrangers qui ont grandi en Allemagne et pour les étrangers qui y vivent depuis quinze ans ont été assimilés à un droit à la naturalisation. Dans le cadre de sa politique d’intégration, le gouvernement fédéral va s’employer à élaborer un nouveau droit moderne de la nationalité associé à l’acquisition de la nationalité allemande pour les enfants d’étrangers nés ici et des facilités sensibles pour la naturalisation.

Les Länder fédérés allemands


La République fédérale d’Allemagne se compose de seize Länder (les capitales sont indiquées entre parenthèses): le Bade-Wurtemberg (Stuttgart), la Bavière (Munich), Berlin, le Brandebourg (Potsdam), Brême, Hambourg, la Hesse (Wiesbaden), le Mecklembourg-Poméranie occidentale (Schwerin), la Basse-Saxe (Hanovre), la Rhénanie-du-Nord-Westphalie (Düsseldorf), la Rhénanie-Palatinat (Mayence), la Sarre (Sarrebruck), la Saxe (Dresde), la Saxe-Anhalt (Magdebourg), le Schleswig-Holstein (Kiel) et la Thuringe (Erfurt). Berlin, Brême et Hambourg sont des villes-Etats.

L’Allemagne a toujours été subdivisée en Länder, mais, au fil des siècles, la carte géographique de ce pays a fréquemment vu changer ses contours. Les plus grandes modifications des temps modernes ont été dues aux guerres napoléoniennes, au début du XXe siècle, à la guerre austro-prussienne de 1866, à la Première et à la Seconde Guerre mondiale. Cette dernière a eu pour conséquences la division de l’Allemagne et la dissolution de la Prusse, le plus grand des Länder allemands. Dans leur forme actuelle, les Länder fédérés ont été constitués en majeure partie après 1945; on y a partiellement tenu compte des anciennes appartenances ethniques et du tracé historique des frontières.

Jusqu’à la réunification de l’Allemagne, en 1990, la République fédérale se composait de onze Länder, qui furent créés dans ce qui était à cette époque les zones d’occupation occidentales, lesquelles se sont donné, entre 1946 et 1957, des constitutions démocratiques.

Dans la zone d’occupation soviétique aussi, cinq Länder dont certains possédaient une ancienne tradition d’Etat furent créés sur le territoire de la future RDA. Ceux-ci ayant été dissous plus tard pour des motifs politiques, il fut décidé, après les premières élections libres du 18 mars 1990, de constituer cinq nouveaux Länder fédérés. Ils sont pratiquement identiques à ceux d’avant 1952. Le 3 octobre 1990, l’adhésion de la RDA et, ainsi, des Länder du Brandebourg, de Mecklembourg-Poméranie occidentale, de Saxe, de Saxe-Anhalt et de Thuringe à la République fédérale devint réalité; Berlin-Est fut unifiée à Berlin-Ouest.

Le Bade-Wurtemberg

Une nature variée – une industrie ultramoderne. Le Bade-Wurtemberg est l’une des régions qui possèdent les paysages les plus attrayants en République fédérale. La Forêt-Noire est réputée comme l’une des régions de repos les plus populaires d’Allemagne. Le lac de Constance, les vallées aux paysages variés du Rhin, du Danube et du Neckar, le rude Jura souabe, le paisible Markgräflerland et les collines proéminentes du Kaiserstuhl dans la basse plaine du cours supérieur du Rhin (célèbre pour son vin) sont des régions de vacances très fréquentées. Chaque année, le Bade-Wurtemberg reçoit plus de touristes qu’il n’a d’habitants. Mais le Bade-Wurtemberg est aussi un important site industriel; on y trouve des firmes de réputation mondiale comme DaimlerBenz, Bosch ou Porsche. La puissance économique du Land ressort par exemple dans le fait que le Bade-Wurtemberg atteint presque le volume d’exportations de l’Espagne, de la Suède ou de Singapour. Ce mérite ne revient pas seulement à la productivité de l’industrie: des centaines de petites et moyennes entreprises fabriquent les produits spéciaux qui sont recherchés dans le monde entier; les habitants du Bade-Wurtemberg sont des «bricoleurs» nés – leur génie inventif est proverbial. Outre l’agriculture traditionnelle, le climat tempéré permet aussi de s’adonner à des cultures particulières comme les plantes décoratives, le houblon et le tabac.

Au seuil de l’avenir. En termes de produit intérieur brut, le Land figure dans le peloton de tête mondial pour ses dépenses au titre de la recherche; les priorités portent actuellement sur la technologie de l’information et la technique énergétique et écologique. De même, la biotechnologie et, en particulier, la génétique ont, aujourd’hui, un rôle-clef à jouer: le Bade-Wurtemberg dispose dans ce domaine d’une infrastructure de recherche qui, aussi bien sur le plan qualitatif que quantitatif, figure en tête en Allemagne et en Europe. La biotechnique est établie dans de nombreuses universités et institutions de recherche proches de l’industrie. Plusieurs centaines de firmes sont concernées par la biotechnologie. Pour son concept d’utilisation économique de la biotechnique et des techniques génétiques, le triangle RhinNeckar a été désigné en novembre 1996 comme l’une des trois régions-modèle. Un réseau de transmission de données à haute vitesse qui va relier entre eux les neuf universités, les 39 instituts universitaires de technologie et les quelque 130 centres de recherche (dont le Centre de recherche de Karlsruhe, le Centre allemand de recherche sur le cancer de Heidelberg et plusieurs Instituts Max-Planck et Fraunhofer) a été mis en service. En 1998, des universités internationales privées ont été inaugurées à Bruchsal et Stuttgart. Dans le domaine des lettres, il convient de citer en particulier les Archives de littérature allemande, à Marbachsur-le-Neckar, qui gèrent notamment le legs de la majorité des écrivains allemands. Ici, science et recherche ont une longue tradition: l’université de Heidelberg, fondée en 1386, est la plus ancienne d’Allemagne et c’est à Karlsruhe que l’on a créé la première école supérieure technique allemande.

Des villes qui valent le détour. Alexander von Humboldt a, déjà, jadis admiré la situation de la capitale régionale, Stuttgart (586000 hab.), dans une pittoresque vallée encaissée. De la salle de concerts de la «Liederhalle» au zoo de la «Wilhelma», de l’aéroport à la fête foraine du «Cannstatter Wasen», du parc des expositions du Killesberg à la nouvelle Staatsgalerie post-moderne, cette ville possède tous les attributs d’une métropole moderne.

Un particularisme architectural de Mannheim (312000 hab.) est le plan géométrique du noyau urbain. Le prince-électeur Frédéric du Palatinat la fit construire comme «ville carrée» en 1607. A la place des noms de rues, ce sont des lettres et des chiffres qui distinguent les maisons. Conjointement avec Ludwigshafen, sa ville jumelle de Rhénanie-Palatinat située sur la rive gauche du Rhin, Mannheim est un important centre industriel et, simultanément, grâce à ses collections d’art de la Städtische Kunsthalle et du Musée Reiss ainsi qu’au Théâtre national aux riches traditions, une ville au rayonnement culturel remarquable.

Karlsruhe (277000 hab.), siège des tribunaux suprêmes allemands – la Cour constitutionnelle fédérale et la Cour fédérale de justice – n’est pas sans rappeler Mannheim de par sa topographie: 32 rues de l’ancienne ville baroque princière ont la forme d’un éventail convergeant vers le château de 1715. Ville industrielle située à un nœud de communications, elle possède un port rhénan au transbordement très important.

Fribourg-en-Brisgau (200000 hab.), avec son université de 1457, ses vieilles portes des remparts et sa basilique gothique au clocher filigrane est située dans un écrin pittoresque entre le versant Sud de la Forêt-Noire et la plaine du Rhin. Heidelberg (139000 hab.) est une attraction touristique par son centre ville historique avec l’église post-gothique du Saint-Esprit, son vieux pont avec la porte du Neckar, son château et ses originaux bons vieux bistrots estudiantins. Ulm (116000 hab.), sur le Danube, a comme emblème la basilique avec le clocher le plus élevé d’Allemagne; dans l’hôtel de ville gothique, une célèbre horloge astronomique indique l’heure. D’autres villes importantes du Bade-Wurtemberg sont Heilbronn (122000 hab.), Pforzheim (119000 hab.), Reutlingen (109000 hab.) et Tübingen (82000 hab.).

Le Land des philosophes et des artistes. Près de mille musées (dont par exemple le Musée de l’horlogerie à Furtwangen, qui possède une collection unique de coucous de Forêt-Noire), deux théâtres d’Etat, dix théâtres municipaux, des festivals, des festivals du film et l’Académie du Château de Solitude, près de Stuttgart, qui encourage les arts et les artistes à l’échelle internationale: la vie culturelle dans le Bade-Wurtemberg s’exprime des façons les plus diverses. Des mémoriaux et prix de littérature rappellent les nombreuses personnalités de l’histoire de la littérature allemande qui avaient jadis leur patrie ici – citons parmi tant d’autres Friedrich Schiller (1759-1805), Friedrich Hölderlin (1770-1843), Wilhelm Hauff (1802-1827) et les philosophes Georg Wilhelm Friedrich Hegel (1770-1831), Friedrich Wilhelm Schelling (1775-1854) et Martin Heideger (1889-1976).

Aujourd’hui, le Ballet de Stuttgart, l’Académie internationale Bach et le Centre pour les technologies des arts et des médias, à Karlsruhe, jouissent d’une réputation mondiale. A elles seules, les 6400 associations musicales et chorales ainsi que les 90 orchestres de profanes témoignent de l’attachement que beaucoup de gens ressentent pour la musique. Le Bade-Wurtemberg est aussi un centre de médias important et le siège de grandes maisons d’édition; 33% des journaux allemands et 22% des livres y sont édités.

L’Etat libre de Bavière

Un charmant Land à la longue histoire. La dénomination historique Etat libre indique que la Bavière est un Etat républicain et non monarchique. Le Land fédéré le plus étendu d’Allemagne et ses douze millions d’habitants sont fiers de leur histoire qui remonte jusqu’au VIe siècle. Nulle part ailleurs en Allemagne on ne cultive les coutumes avec autant de naturel qu’ici et l’on ne porte pas seulement le costume régional lors des grandes fêtes populaires comme la Fête d’octobre organisée tous les ans à Munich. La Bavière doit son grand attrait touristique à son riche héritage culturel et historique ainsi qu’à son impressionnante beauté naturelle. Les Alpes avec la Zugspitze, la montagne la plus élevée d’Allemagne qui culmine à 2962 m, les préalpes avec leurs lacs féeriques comme le Chiemsee et le Königsee, la Forêt de Bavière avec son parc national, le Jura de Franconie, le Fichtelgebirge, la Steigerwald, le Spessart et beaucoup d’autres régions offrent aux touristes des opportunités incomparables pour apprécier la nature et se reposer. Les montagnes sont un paradis de la randonnée pédestre, les lacs des Préalpes et les nouveaux lacs artificiels de Franconie qui ont été construits lorsque l’on a creusé le canal Main-Danube sont un eldorado des sports nautiques. Le Land est riche en parcs de grandes dimensions, par exemple le parc de Schönbusch, près d’Aschaffenbourg, le Jardin de la Cour à Ansbach ou le Jardin anglais à Munich, sans oublier les magnifiques châteaux dont, notamment, les châteaux du «roi de contes de fées» Louis II, Linderhof, Neuschwanstein et Herrenchiemsee. Les Résidences de Wurtzbourg et de Bamberg ainsi que le château fort de Cobourg avec son riche cabinet de gravures sur cuivre sont d’une beauté stupéfiante.

Agriculture et industrie. Jusqu’en 1950, l’agriculture en tant qu’activité principale a prévalu en Bavière. Au cours des décennies qui suivirent, ce Land à structure agricole s’est mué en un Etat industriel et tertiaire moderne. Mais de grandes parties, et non seulement les préalpes, se consacrent aujourd’hui encore surtout à l’agriculture et à la sylviculture. La bière bavaroise (brassée selon le commandement de pureté de 1516) est de réputation mondiale: on cultive en Bavière même le houblon nécessaire; les connaisseurs apprécient à sa juste valeur le vin de Franconie. Aujourd’hui, environ 35 % du produit intérieur brut provient de l’industrie de transformation et plus de la moitié, du secteur tertiaire. Les villes jumelles de Nuremberg (493000 hab.) et Fürth (109000 hab.), reliées en 1835 par la première voie ferrée d’Allemagne, constituent un pôle industriel avec l’électrotechnique, les constructions mécaniques et l’automobile, l’imprimerie et l’industrie des matières plastiques, du jouet et de l’alimentation. Les pains d’épice de Nuremberg sont de réputation mondiale et la maison de vente par correspondance «Quelle», de Fürth, est connue dans l’Europe entière. Ratisbonne (125000 hab.) avec son centre ville médiéval bien conservé (pont de pierre de 1146) vit aujourd’hui de l’automobile, des textiles, des constructions mécaniques et de l’industrie du bois. Il s’y trouve aussi un port performant sur le Danube. Ingolstadt (113000 hab.) est une ville de l’automobile et de raffineries de pétrole. Wurtzbourg (127000 hab.) comporte, outre l’industrie des machines à imprimer, de l’électricité et de l’alimentation, les trois plus grands domaines viticoles du Land: le Staatlicher Hofkeller, le Juliusspital et le Bürgerspital. Dans l’est de la Bavière, les verreries (Zwiesel) et les manufactures de porcelaine (Rosenthal, Hutschenreuther) cultivent la tradition de l’artisanat. Munich organise des salons internationaux comme «bauma» et «Systems» et Nuremberg, le Salon du jouet, connu dans le monde entier.

Joie de vivre et haute-technologie. Munich (1,21 million d’habitants), la capitale du Land, est, en tant que métropole, une ville où l’on trouve absolument tout et, pourtant, la ville a sa propre atmosphère incomparable. Outre la convivialité proverbiale, notamment à la Hofbräuhaus, la ville et la région ont une vie économique dynamique et très active: industrie automobile et aéronautique, électrique et électronique, assurances et éditions. Avec les universités réputées et d’autres établissements supérieurs, la Bibliothèque d’Etat bavaroise – l’une des plus grandes d’Europe avec plus de six millions de volumes – l’Institut Max-Planck de physique des plasmas, le réacteur de recherche et de nombreux autres organismes, la ville est un pôle important pour la science et la recherche. L’aéroport, baptisé selon Franz-Josef Strauß qui a été ministre-président de Bavière durant de nombreuses années, est une importante plaque tournante de la navigation aérienne internationale. En février 1998 a été inauguré le nouvel espace d’exposition sur l’ancien aéroport Munich-Riem.

Culture et folklore. Pour soigner son héritage culturel, la Bavière dépense chaque année largement plus de 100 millions de DM. Avec l’incroyable Musée allemand, Munich possède la plus grande collection du monde sur l’histoire des sciences naturelles et de la technique ainsi que de nombreux édifices historiques et musées des Beaux-Arts comme l’Ancienne et la Nouvelle Pinacothèque, la Lenbach-Haus ou la Schack-Galerie. Nuremberg, la ville d’Albrecht Dürer (1471-1528) et de Hans Sachs (1494-1576) détient dans ses églises de très précieux trésors artistiques de la fin du Moyen-Age. Le Musée national germanique vaut à lui seul le voyage. Des joyaux du baroque et du rococo sont les églises des monastères de Banz et d’Ettal, la basilique des Quatorze Saints et la Wieskirche près de Steingaden, que l’UNESCO a inscrite dans la liste des biens culturels mondiaux, au même titre que l’ancienne résidence des princes-évêques de Wurtzbourg. Son escalier, oeuvre de Balthasar Neumann (1687-1753) décorée par Giovanni Battista Tiepolo, est considéré comme l’un des plus beaux du monde. Les villes de Rothenbourg-ob-der-Tauber, de Nördlingen et de Dinkelsbühl sont des «musées vivants», qui sont notamment reliés à d’autres curiosités par la «Route romantique». La Bavière possède 33 théâtres et 34 scènes en plein air. Chaque année, durant le Festival de Bayreuth, elle monte les opéras de Richard Wagner, qui a vécu ici de 1872 à 1883. D’autres festivals sont par exemple le Festival de Munich, les Semaines européennes de Passau, la Semaine Bach à Ansbach, le Festival Mozart de Wurtzbourg. La musique populaire est aussi partout vivante en Bavière, en particulier durant les nombreuses fêtes, par exemple la Leonhardi-Fahrt de Bad Tölz, la Fête de la Paix d’Augsbourg, le Drachenstich de Fürth, la Fête St. Kilian de Wurtzbourg ou les Jeux de chevaliers de Kiefersfelden. Le Jeu de la Passion d’Oberammergau est une tradition cultivée depuis 1634 et est donné tous les dix ans (la prochaine fois en l’an 2000).

Berlin

Une capitale au passé mouvementé. Berlin, la capitale de l’Allemagne qui était jadis un petit village de pêcheurs, s’est muée, en quelques siècles, de nœud commercial situé sur un gué de la Spree en résidence prussienne. Cölln est citée pour la première fois dans des documents officiels en 1237. Elle a fusionné et grandi conjointement avec sa ville jumelle de Berlin, a profité de l’essor de la Prusse devenue grande puissance et, après la fondation du Reich allemand, en 1871, est devenue la capitale politique, industrielle, scientifique et culturelle de l’Allemagne. En 1939, la capitale allemande comptait plus de quatre millions d’habitants. Pour Berlin, la Seconde Guerre mondiale déclenchée par les nazis eut des conséquences catastrophiques, le centre ville et les districts industriels furent en grande partie détruits. Les puissances victorieuses divisèrent la ville en quatre secteurs.

La tentative de l’Union soviétique, en 1948/49, de faire plier la population de Berlin-Ouest et de contraindre les alliés occidentaux à se retirer par suite du blocus terrestre d’une durée de onze mois se solda par un échec à cause du pont aérien instauré par les alliés occidentaux. Pour mettre un terme à l’exode massif de la population est-allemande et du secteur oriental de Berlin, les dirigeants communistes érigèrent le Mur en 1961. Celui-ci est tombé en 1989 avec l’effondrement du bloc hégémoniste communiste. Le 3 octobre 1990, une cérémonie nationale célébra l’unification de l’Allemagne à Berlin. Depuis, Berlin est de nouveau la capitale de l’Allemagne unifiée.

Métropole culturelle au cœur de l’Europe. La diversité culturelle de Berlin a une longue tradition. En font partie les musées et collections de l’île aux musées, du Forum de la culture ou du quartier Dahlem, qui occupent un rang international. Trois opéras, la Philharmonie ou les innombrables théâtres, salles de concert et bibliothèques ainsi que le Festival de Berlin, le Festival cinématographique et les Rencontres du théâtre constituent d’autres temps forts de la métropole culturelle européenne. Mais Berlin ne s’est pas seulement fait un nom dans ces domaines culturels classiques, mais, depuis de nombreuses années aussi, elle est très populaire auprès des jeunes artistes qui viennent dans la capitale allemande de tous les continents du monde et enrichissent ses milieux culturels effervescents et progressistes.

Economie et science. Berlin a été le théâtre d’un bouleversement économique accompagné de douloureux changements. Malgré tout, les perspectives d’avenir sont bonnes: de nombreux milliards sont consacrés à l’amélioration de l’infrastructure, à la circulation et à la reconstruction de la ville. En tant que futur siège du Bundestag, du Bundesrat et du gouvernement fédéral, comme porte vers les marchés d’Europe de l’Est et cité dotée d’une infrastructure exceptionnelle, ni la ville ni la région n’ont lieu de mettre leur lumière sous le boisseau.

Un autre avantage économique de poids est la symbiose entre la recherche et le développement, l’industrie et le commerce. Trois universités, quatre établissements supérieurs artistiques, l’Ecole supérieure européenne d’économie, neuf instituts universitaires technologiques, quelque 250 centres de recherche extra-universitaires et une multitude de petites et moyennes entreprises à haute technologie représentent un potentiel décisif pour la croissance économique à l’avenir et pour la création d’emplois.

Au sud-est de la ville naît, avec le site économique et scientifique de Adlershof (WISTA), l’un des plus grands parcs technologiques intégrés d’Europe. Le nombre croissant d’entreprises dans le secteur des télécommunications, de même que dans le domaine des nouvelles technologies de l’information font de Berlin un site des médias performant et innovateur.

C’est à Berlin que l’on construit le plus actuellement dans toute l’Allemagne. Des entreprises comme debis, Sony et ABB ont défrayé la chronique avec leurs spectaculaires projets architecturaux de la Potsdamer Platz. La Friedrichstrasse en plein cœur de la ville est devenue un important centre commercial. Mais dans les arrondissements extérieurs également, l’on voit apparaître de plus en plus de grues de chantier et de fondations d’immeubles.

Berlin est une importante ville de salons et de congrès. Des manifestations comme le Salon international de la radio et de la télévision, la Semaine verte de Berlin ou la Bourse internationale du tourisme font de la ville un point de passage obligé pour plus de 3,2 millions de visiteurs par an.

La capitale s’installe. La transformation de Berlin en capitale de la République fédérale d’Allemagne bat son plein. Dès lors que le Bundesrat a lui aussi décidé de transférer son siège à Berlin, la capitale s’attend à voir déménager de Bonn à Berlin les organes constitutionnels suprêmes dans les années 1999/2000.

En 1996, les planifications pour le déménagement ont été presque totalement achevées. Depuis lors, les travaux de modernisation et d’extension des édifices des futurs ministères ont fait de grands progrès. Sur les chantiers de la nouvelle Chancellerie fédérale, dans les méandres de la Spree, et des différents ministères dout certains seront abrités dans des bâtiments anciens rénovés, on met tout en œuvre pour garantir l’achèvement des édifices dans les délais impartis.

Le bâtiment de l’ancien Reichstag est transformé afin de devenir le siège du Bundestag et sera officiellement inauguré en avril 1999. L’élection du président fédéral par l’Assemblée fédérale aura lieu dans son enceinte en mai 1999. En septembre 1999, le 14e Bundestag allemand entrera en exercice à Berlin.

Tout autour du Reichstag, avec les blocs Alsen et Luise ainsi que Dorotheen, se trouvent les nouveaux immeubles des députés et collaborateurs du Bundestag ainsi que les locaux réservés aux groupes parlementaires, aux commissions et à la bibliothèque.

En l’an 2000, l’Allemagne sera de nouveau – après un demi-siècle – gouvernée depuis sa capitale, Berlin.

Le Brandebourg

Héritage prussien. Le Land fédéré du Brandebourg encercle la capitale de l’Allemagne, Berlin; Potsdam (135000 habitants), la capitale du Land, se trouve au sud-ouest de la métropole. Dans le cadre de la Conférence de Potsdam, les dirigeants politiques des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne et de l’Union soviétique, réunis au château de Cecilienhof durant l’été 1945 ont pris des décisions de grande portée pour l’avenir de l’Allemagne. Potsdam a toujours été étroitement liée à l’histoire prusso-allemande. A partir de 1157, Albrecht l’Ours se nomma margrave du Brandebourg. En 1237 fut fondée la ville de Berlin. En 1640, le prince-électeur Frédéric Guillaume, un Hohenzollern, nommé plus tard le «Grand prince-électeur», reprit le gouvernement dans le plus grand électorat d’Allemagne. Il fit venir des huguenots de France, de Hollande et de Suisse et encouragea de cette manière l’essor du commerce et de l’industrie. Par l’Edit de Potsdam, il promit la liberté confessionnelle aux immigrants, en 1685; le «Quartier hollandais» et l’«Eglise française» de Potsdam rappellent aujourd’hui encore les étrangers chaleureusement accueillis.

Le prince-électeur Frédéric III a fondé le royaume de Prusse et la marche de Brandebourg fut intégrée à la Prusse. Sous Frédéric II le Grand (1740-1786), la Prusse est devenue une grande puissance européenne. Il a fait de Potsdam sa résidence et a fait construire comme une œuvre d’art globale le parc de Sanssouci avec ses châteaux et d’autres édifices magnifiques.

Réserves naturelles et site industriel. Le Brandebourg est beaucoup moins densément peuplé que les autres Länder fédérés. La Havel et la Spree baignent cette région de collines. La protection de la nature est mise en oeuvre dans de nombreux parcs naturels, zones de protection des paysages et réserves de biosphères, par exemple dans l’Uckermark, les méandres de la vallée de l’Elbe, la Schorfheide et la Forêt de la Spree. Dans le parc national de la «Vallée inférieure de l’Oder», la protection de la nature est mise en oeuvre à l’échelon transfrontalier avec la Pologne voisine. «Boîte à sable du Saint Empire romain germanique» était le surnom du Land il y a des siècles en raison de ses sols peu fertiles et sablonneux. Aujourd’hui, la structure économique abandonne de plus en plus l’agriculture avec les cultures traditionnelles de seigle et d’oléagineux en faveur de l’industrie avec l’automobile et les constructions mécaniques, l’électronique, l’optique, l’énergie, la technique écologique, l’agro-alimentaire et la chimie. Dans le contexte de l’Essor à l’Est, le Brandebourg a jusqu’ici vu arriver plus de 120 grands investisseurs qui ont déjà dépensé respectivement plus de 50 millions de DM.

La suppression des visas entre l’Allemagne et la Pologne a donné une importance croissante à Francfort/Oder (80.000 habitants), plaque tournante pour les pays d’Europe de l’Est. Une commission intergouvernementale germano-polonaise travaille depuis 1991 à la promotion des contacts de bon voisinage.

«Viadrina» et la recherche sur les membranes. L’université francfortoise Viadrina existait déjà de 1506 à 1811. C’est là que Heinrich von Kleist et les frères Humboldt ont fait leurs études. En 1991, elle a été recréée comme université d’Europe et se spécialise en particulier dans la coopération germano-polonaise pour la recherche et l’enseignement. Mais les autres universités du Brandebourg, à Cottbus et Potsdam, ses cinq instituts universitaires de technologie et ses quinze centres technologiques font aussi de la région un pôle important de la recherche en Allemagne. Le Centre de recherche géologique de Potsdam s’adonne depuis 1992 à la recherche pure sur les thèmes géo-scientifiques globaux. Tout aussi novateur, le Centre de recherche sur les membranes, à Teltow, se consacre au développement de membranes à hautes performances pour les champs d’application de la technique écologique, de la fabrication de matériaux, du recyclage et de la médecine. L’Institut de Potsdam pour la recherche sur les séquelles climatiques observent les mutations climatiques actuelles comme problèmes des dysfonctionnements entre l’homme et la nature.

L’Académie des Sciences de Berlin-Brandebourg, qui a entamé ses travaux en mars 1993, est dédiée aux sciences naturelles, biologiques et sociales ainsi qu’aux lettres. Une édition Jean-Paul et une édition Leibniz ainsi qu’une documentation sur les vitraux du Moyen-Age dans les nouveaux Länder figurent à son programme. La «Société de promotion des nouveaux projets scientifiques» a fait du Siècle des Lumières européen le thème d’une priorité de recherche multidisciplinaire.

Theodor Fontane et Marlene Dietrich. Au siècle dernier, dans ses «Pérégrinations à travers la marche de Brandebourg», Theodor Fontane a décrit les beautés et l’originalité du Brandebourg. Il y a ici environ 350 châteaux et manoirs dont, outre Sanssouci à Potsdam, Rheinsberg (thème d’une nouvelle de Kurt Tucholsky) et Branitz (avec le Musée Fürst Pückler), qui attirent d’innombrables visiteurs. Parmi les quelque 150 musées et mémoriaux, nous ne citerons ici que le Centre de recherche Heinrich von Kleist à Francfort-sur-l’Oder.

Des manifestations culturelles sont organisées toute l’année. Les Journées musicales de Rheinsberg, les concerts donnés dans les admirables anciens monastères de Chorin et Lehnin ainsi que le Festival de musique de Potsdam-Sanssouci sont connus audelà des frontières du Land. Une réalisation technique spectaculaire est le plus grand escalier d’écluses du monde à Niederfinow (construit en 1934), qui permet aux bateaux circulant sur le canal Oder-Havel de surmonter une déclivité de 36 mètres.

La cité cinématographique de Potsdam-Babelsberg renoue grâce à ses studios de cinéma et de télévision, son école supérieure du cinéma et de la télévision, son High Tech Center et ses nombreuses entreprises du secteur des médias avec la tradition de l’UFA, époque à laquelle des vedettes comme Marlene Dietrich et des metteurs en scène comme Friedrich Wilhelm Murnau, Ernst Lubitsch ou Fritz Lang ont tourné ici des films célèbres.

La ville libre hanséatique de Brême

Tradition oblige. La ville libre hanséatique de Brême est, avec la Bavière, Hambourg et la Saxe, l’un des Etats constitués dès avant 1945 et, après Saint Marin, la deuxième ville-république du monde qui existe encore aujourd’hui. La ville libre hanséatique se compose de la commune de Brême (549000 hab.) et de celle de Bremerhaven (129000 hab.), 65 kilomètres plus en aval sur la Weser. Les deux villes sont séparées par le territoire de la Basse-Saxe.

Citée pour la première fois officiellement il y a plus de 1200 ans, en 782, siège épiscopal depuis 787 et dotée des droits de liberté urbains en 1186 par l’empereur Frédéric Ier «Barberousse», Brême adhère à la Hanse en 1358. Avec la construction de l’hôtel de ville en 1405 et l’édification de la statue de Roland un an plus tôt, la ville démontre son droit à l’autodétermination. En 1646, Brême est élevée au rang de ville du Reich absolument libre et, depuis 1806, elle se nomme ville libre hanséatique. Bremerhaven est fondée en 1827 et devient ville en 1851. Le Parlement du Land porte le nom traditionnel de «Conseil des citoyens brémois»; le gouvernement du Land a le nom de «Sénat» et il est présidé par le ministre-président. Organisé traditionnellement chaque année le deuxième vendredi de février, le «Schaffermahlzeit», le banquet des mariniers et des armateurs, est l’occasion d’inviter dans les salons de l’hôtel de ville de Brême des personnalités éminentes de la vie publique allemande.

Ports et haute-technologie. Les ports et la navigation, les liaisons commerciales internationales et les produits de pointe d’industries ultramodernes sont les clefs de la vie économique brémoise. Le terminal de conteneurs de Bremerhaven est le plus grand port de transbordement de conteneurs rattachés d’Europe. Près de 10000 bâtiments relient chaque année les ports de Brême à un millier de ports du monde entier. Avec un passage d’un million de véhicules par an (1997), Bremerhaven est le premier port de transbordement de voitures d’Europe. Les chantiers sont synonymes de qualité pour la construction de bateaux. Brême est aussi l’un des centres de l’industrie allemande pour les produits alimentaires et d’agrément: café, chocolat, farine, produits laitiers, épices, produits à base de poisson et bière sont les plus connus. Au Centre astronautique et aéronautique de Brême, on développe et construit des composants importants pour les fusées, les satellites et l’Airbus. A cela s’ajoutent l’industrie électrique et électronique ainsi que les industries à haute-technologique. Un symbole de la compétence de Brême en haute technologie est la tour de chute libre de 148 mètres où l’on peut faire des expériences en état d’apesanteur. La Bourse aux titres de Brême – âgée de plus de 300 ans – et les Bourses de produits gèrent le commerce pour toute l’Allemagne du Nord-Ouest.

Recherche océanique et arts plastiques. L’université de Brême compte environ 18000 étudiants; ses priorités portent sur les sciences de l’ingénieur et les sciences naturelles. L’Institut de technique des rayonnements appliquée et l’Institut d’économie de la navigation maritime et de la logistique sont des leaders en recherche fondamentale. Le Centre pour l’écologie tropicale marine et l’Institut Max-Planck de microbiologie marine développent des concepts modernes de recherche maritime. C’est aussi ici que l’Institut Alfred-Wegener de recherche polaire et maritime a son siège. L’Ecole supérieure des Beaux-Arts de Brême, avec pour priorités le design, les arts plastiques et la musique, est connue dans toute l’Allemagne fédérale. Début 1997 a eu lieu la réouverture de la «Glocke» rénovée, une salle de concert à l’acoustique extraordinaire.

Les curiosités attirent chaque année des millions de visiteurs: la Place du Marché avec l’hôtel de ville Renaissance, la statue de Roland et la cathédrale gothique Saint Pierre, la célèbre Böttcherstrasse et le quartier historique du Schnoorviertel. Le Marché libre de Brême sur la Bürgerweide – âgé de plus de 960 ans – est l’une des plus grandes fêtes foraines d’Allemagne.

La Kunsthalle, le Nouveau Musée Weserburg, la Maison Gerhard Marcks et la Maison Paula-Becker-Modersohn exposent des œuvres importantes. Le Musée allemand de la navigation, à Bremerhaven, possède une impressionnante collection de toutes les époques de la navigation maritime ainsi que de vieux bateaux dans un port propre au musée. Le théâtre de la Place Goethe, la bremer shakespeare company, le Festival de musique annuel de Brême et l’Académie internationale d’automne sont des références pour les amateurs de musique et de théâtre.

La ville libre et hanséatique de Hambourg

La «porte océane» de l’Allemagne. Hambourg est la deuxième ville d’Allemagne, son premier port maritime et au premier rang pour le commerce extérieur. «Le champ d’action de Hambourg est le monde.» Ici se sont établies, par exemple, 185 firmes de Chine (y compris Hong Kong), 135 du Japon et 65 de Taiwan; au total, plus de 3000 firmes se consacrent à l’import-export. Des industries à caractère traditionnellement portuaire sont les chantiers navals, les raffineries et les entreprises de transformation pour les matières premières importées. Dans un processus de mutations structurelles systématique, la ville hanséatique s’est muée en une métropole tertiaire pour l’Europe du Nord. Des branches orientées vers l’avenir comme l’industrie aéronautique civile, la microélectronique et les télécommunications sont les bases modernes pour garantir l’avenir de ce site économique.

Après sa fondation à l’époque de Charlemagne vers 811 (sous le nom de Hammaburg), l’essor de Hambourg comme ville commerciale a débuté en 1189 avec les privilèges douaniers et économiques. En tant que l’un des premiers membres de la Fédération de commerce de la «Hanse», elle en a été le principal lieu de transbordement sur la mer du Nord. Les empereurs Sigismond et Maximilien l’ont respectivement élevée au rang de ville impériale et libre en 1410 et 1510. En 1618, le Tribunal de la Chambre du Reich a qualifié Hambourg de ville d’empire libre, ce que le Danemark n’a toutefois reconnu qu’en 1768. Hambourg a préservé jusqu’à aujourd’hui son autonomie. Ni rois et ni princes n’ont jamais régi Hambourg: ce sont toujours les bourgeois euxmêmes qui ont gouverné leur ville-république. Le dramatique incendie de 1842, la volonté de toujours moderniser et la Seconde Guerre mondiale ont laissé bien peu de vestiges de l’ancienne métropole du négoce à la construction très dense. Des édifices importants sont aujourd’hui l’église Saint Michel, du baroque tardif, dont le clocher de 132 m de haut – que les habitants surnomment affectueusement le «Michel» – est le symbole de la ville, l’hôtel de ville centenaire et la Maison du Chili, un édifice de briques expressionniste des années vingt de notre siècle. Un monument culturel tout particulier est la Vieille Ville des greniers, dans le port, construite en briques à la fin du siècle dernier. Ce ne sont pas les édifices isolés, mais le panorama d’ensemble généreux de l’Alster, qui constitue deux lacs au centre de la ville, et le tableau haut en couleurs du port et des maisons sur les rives de l’immense Elbe qui lui donnent son charme particulier.

Une ville industrielle dans un écrin de verdure. Hambourg est le deuxième site industriel allemand et le centre d’une mégalopole de 3,3 millions d’habitants. Mais c’est aussi l’une des villes les plus vertes d’Allemagne. 41 % de sa surface se composent de champs et de jardins, de parcs et d’espaces verts publics, de forêts, de marais et de lande. Les zones de protection de la nature représentent 28 % de la surface de la ville. Aux 120 parcs s’ajoutent plus de 200000 arbres le long des rues. Le cimetière d’Ohlsdorf est le plus grand parc-cimetière du monde. Avec l’unification de l’Allemagne et l’ouverture de l’Europe de l’Est, le port a retrouvé son ancien arrière-pays. Ainsi la ville-Etat peut-elle faire revivre sa tradition de plaque tournante entre l’Est et l’Ouest et, simultanément, être «la métropole la plus méridionale de Scandinavie». Le «Transrapid», le train à sustentation magnétique qui va relier Hambourg et Berlin d’un centre ville à l’autre en moins d’une heure est entré dans une phase de planification concrète.

Le port, l’un des plus grands du monde, couvre 75 km2, soit un dixième du territoire de Hambourg. Pour le transbordement de conteneurs, Hambourg est le numéro deux européen après Rotterdam. Plus de 200 lignes régulières, dont plus de 100 pour le transport de conteneurs, les lignes roll-on-roll-off et le tour du monde, assurent environ 12000 liaisons annuelles dans le monde entier depuis le port de Hambourg. Plus de 290.000 salariés des environs se rendent chaque jour dans la ville hanséatique. Hambourg est le centre bancaire de l’Allemagne du Nord et l’une des plus grandes villes pour les assurances. Avec plus de 95 consulats généraux et consulats, Hambourg est la plus grande ville consulaire du monde. Situé stratégiquement au centre ville, le «Congress Centrum» est l’un des lieux de réunion les plus modernes et les plus populaires d’Europe. Le parc des expositions qui lui est contigu lui donne un attrait supplémentaire de par les salons professionnels importants qui y sont organisés.

Hambourg est la capitale allemande des médias. Environ 6000 entreprises de ce secteur emploient environ 50000 salariés sans compter les innombrables indépendants. Elles réalisent un chiffre d’affaires annuel supérieur à 40 milliards de DM. Ces dernières années, le secteur de la communication a connu la plus grande expansion à Hambourg. Ce qui est dû de plus en plus aux médias électroniques: les grands opérateurs de radio et de télévision de la ville ainsi que les nombreuses entreprises se consacrant à la production de programmes audiovisuels et multimédias. L’industrie de la publicité hambourgeoise et ses agences qui accumulent les distinctions ont également de plus en plus progressé. Aussi bien sur le marché allemand des supports sonores que des journaux et revues, des entreprises ayant leur siège dans la métropole des bords de l’Elbe détiennent une part de marché d’un ordre de grandeur allant jusqu’à 50 % – 17 des 21 revues grand public allemandes sont publiées à Hambourg.

Sens civique et passion pour les arts. Ville de commerçants, Hambourg a toujours été et est un foyer de liberté et de tolérance ainsi qu’une ville de la culture. C’est ici que le premier opéra permanent d’Allemagne a été fondé en 1678: Georg Friedrich Händel (1685-1759) a monté son premier opéra («Almira») à Hambourg. Georg Philipp Telemann et Karl Philipp Emanuel Bach ont œuvré ici. Un célèbre fils de Hambourg est le compositeur Johannes Brahms (1833-1897); Felix Mendelsohn-Bartholdy (né à Hambourg en 1809) est aussi étroitement lié à la ville des bords de l’Elbe.

Sous l’influence de l’Angleterre et de la France, Hambourg a été un pionnier du Siècle des Lumières en Allemagne. En 1767 a été fondé le Théâtre national allemand, lié au nom de Gotthold Ephraim Lessing («Dramaturgie hambourgeoise», 1767-69), qui a surtout connu le succès avec ses pièces de Shakespeare. «Minna von Barnhelm» (Lessing) et «Don Carlos» (Schiller) ont été créées ici. Friedrich Gottlieb Klopstock (1724-1803) et Matthias Claudius (1740-1815) ont été en leur temps des «institutions» littéraires de Hambourg. A l’époque de la Réaction, au XIXe siècle, le Hambourgeois Julius Campe a édité les écrits de Heinrich Heine et d’autres hommes de lettres «libertins» de la «Jeune Allemagne».

Après la Seconde Guerre mondiale, les directeurs généraux Rolf Liebermann et Gustav Gründgens ont donné à l’opéra et au théâtre des impulsions d’avant-garde qui ont rayonné dans le monde. L’acteur Hans Albers (1891-1960), natif de Hambourg, est resté inoublié. Trois théâtres d’Etat et quelque 35 théâtres privés donnent aujourd’hui à la ville son profil culturel. Ces dernières années, les comédies musicales «Cats» et «Le Fantôme de l’Opéra», d’Andrew Lloyd Weber, ont remporté un immense succès bien au-delà des frontières de Hambourg. Le Ballet de Hambourg dirigé par John Neumeier jouit d’une réputation internationale. Horst Janssen, le dessinateur et peintre décédé en 1995, a créé ici son œuvre riche indépendant de toute école. C’est ici qu’au début des années soixante, les Beatles ont commencé leur carrière internationale, dans le quartier de divertissement hambourgeois de Sankt Pauli.

La Hesse

Un centre économique tourné vers l’avenir. Avec six millions d’habitants et une surface de 21.000 km2, la Hesse est le cinquième Land d’Allemagne. Elle est aujourd’hui l’un des grands centres économiques allemands et compte parmi les régions les plus dynamiques d’Europe. Tout comme la Bundesbank, la Banque centrale européenne a, depuis le 1er janvier 1999, également son siège ici; s’y ajoutent plus de 400 banques d’affaires et la plus grande bourse allemande. De plus, Francfort est le site de secteurs industriels et technologiques importants et l’une des plus importantes places de foires internationales. Son aéroport est le numéro un pour le fret et le numéro deux pour les passagers en Europe

Une entité politique depuis 1945. La Hesse a connu une histoire agitée. L’église Saint-Paul de Francfort est un mémorial national: c’est là qu’en 1848/49 a siégé l’Assemblée nationale, le premier Parlement allemand légitimé démocratiquement qui achoppa cependant sur le pouvoir des princes régnant en Allemagne. Avant les guerres d’unification de Bismarck, Hessen était un exemple typique du multi-étatisme de cette époque avec son territoire subdivisé en quatre principautés et duchés, en un comté et la ville libre de Francfort. Après la guerre prusso-autrichienne de 1866, la Prusse a absorbé le Land, à l’exception du grand duché de Hesse-Darmstadt. Avec la «Proclamation n° 2» du 19 septembre 1945, promulguée au siège d’IG-Farben à Francfort, le gouvernement militaire américain a fait fusionner HesseDarmstadt et la majeure partie du territoire jusque-là prussien pour créer le Land de Hesse.

Idylles vertes et villes vivantes. Si les historiens décrivent la Hesse comme une «entité marquée par la diversité», les géographes qualifient le Land compris entre la Diemel et la Weser au Nord et le Neckar au Sud de «mosaïque colorée et troublante de montagnes et de vallées». L’Ouest appartient au Massif schisteux rhénan; les gisements de minerai de fer de la Lahn, de la Dill et de la Sieg étaient déjà exploités dans l’Antiquité. L’est de la Hesse est plus jeune géologiquement; les sols de grès coloré pauvre en minéraux qui prédominent ici ne se prêtent pas à une exploitation agricole: cette région est aride et peu peuplée. Les paysages volcaniques sont typiques de la région: on y trouve de vieux massifs dans la Westerwald, la Rhön, sur le Hoher Meissner, dans la Kaufunger Wald et la Knüll.

Les villes universitaires de Marbourg (77000 hab.) et Giessen (74400 hab.) ainsi que la ville de Wetzlar (53700 hab.), réputée pour son optique de précision, sont nichées dans de magnifiques paysages. La Bergstrasse et le Rheingau font partie des meilleures régions fruitières et viticoles d’Allemagne. La ville baroque de Fulda (61700 hab.), dans l’est de la Hesse, peut se targuer d’une riche histoire. Wiesbaden (268000 hab.), la capitale du Land, n’est pas seulement un centre administratif, mais aussi une élégante station thermale avec un casino qui attire de nombreux visiteurs.

Une industrie moderne éprise de tradition. Quatre industries – la chimie, l’automobile, les constructions mécaniques et l’électricité – ont, conjointement avec Francfort métropole tertiaire (647000 hab.), donné à ce Land fédéré sa puissance économique: le produit intérieur brut est d’environ 117000 DM par habitant. Des firmes comme Hoechst, Degussa et Rütgers, à Francfort, ou Merck, à Darmstadt (138000 hab.), ont conquis les marchés mondiaux avec leurs produits chimiques, pharmaceutiques, couleurs et autres composants pour l’informatique, au même titre que l’usine-mère d’Opel à Rüsselsheim, VW à Baunatal ou les usines Thyssen-Henschel (machines et transports) à Kassel (201000 hab.). Les constructeurs automobiles du monde entier utilisent les plaquettes de freins sans amiante de Teves, de Francfort, tandis que VDO est le numéro deux mondial pour les tableaux de bord et les instruments électroniques de régulation et de contrôle pour l’automobile. Honeywell produit, à Offenbach, des systèmes électroniques de mesure et de régulation pour la technique de climatisation.

Avec ses nœuds de communication pour la circulation aérienne, ferroviaire et fluviale, la situation stratégique de la Hesse a contribué de façon déterminante à son succès économique. L’aéroport Rhin-Main est l’une des principales plaques tournantes européennes. Avec environ 54000 salariés – nombre qui ne cesse d’augmenter – il est devenu le premier lieu de travail d’Allemagne. Au sein de la Fondation pour la technologie de la Hesse, l’économie, la science et le gouvernement du Land coopèrent dans l’intérêt de l’innovation et de la compétitivité.

Les chercheurs et inventeurs de ce qui est aujourd’hui la Hesse ont créé des secteurs industriels entiers et de nouvelles technologies avec leurs inventions et leur réalisation novatrices. Justus Liebig, chimiste de Darmstadt, a mis au point vers 1840, à l’université de Giessen, la fumure artificielle des plantes agricoles. Johann Philipp Reis, physicien de Gelnhausen, a dévoilé en 1861 le premier téléphone. La télévision et la technique moderne de communication sont le fruit de l’invention du tube cathodique par Karl Ferdinand Braun, de Fulda, lauréat du prix Nobel. Konrad Zuse, qui a longtemps vécu à Bad Hersfeld, était le père du premier ordinateur.

Foire du livre et art avant-gardiste. Francfort, la ville natale de Johann Wolfgang von Goethe, semble avoir un attachement particulier pour les livres. La Bibliothèque allemande, à Francfort, où doit obligatoirement être déposée toute publication imprimée en allemand depuis 1945, est «la plus grande bibliothèque d’Allemagne». Parmi les grandes manifestations culturelles internationales organisées en Hesse, il faut citer la plus grande foire du livre du monde, à Francfort, et la manifestation artistique de la «documenta» à Kassel. Bad Hersfeld, Wetzlar, Wiesbaden et le Rheingau organisent des festivals réputés. Le Forum de la jeune littérature de la Hesse donne des impulsions artistiques. Avec le Prix Georg Büchner de littérature, le Land décerne l’une des distinctions littéraires les plus prestigieuses d’Allemagne.

La Hesse est riche en musées et expositions: hormis la Rive des musées de Francfort, avec d’innombrables établissements sur les thèmes les plus divers, et d’autres musées de la ville, on peut citer notamment le Musée de l’ivoire à Erbach, le Musée des frères Grimm à Kassel, le Musée en plein air de l’Hessenpark où des maisons hessoises datant de plusieurs siècles ont été reconstruites fidèlement. Un écomusée d’un genre particulier est le lotissement art déco de la Mathildenhöhe, à Darmstadt.

Les Hessois sont célèbres pour leur dialecte inimitable. Parmi les spécialités culinaires de la région – dont le «handkäs» avec musique (un fromage avec des oignons), l’épaule, les côtes à la choucroute, la sauce verte – deux des plus connues sont incontestablement le cidre ou le riesling du Rheingau à la saveur sèche et terreuse.

Le Mecklembourg-Poméranie occidentale

Le «pays des mille lacs». Le Mecklembourg-Poméranie occidentale, situé au nord-est de l’Allemagne, est un Land peu peuplé (environ 80 habitants au kilomètre carré) au caractère principalement agricole. L’un des attraits de ce Land baigné par la Baltique et aux nombreux lacs intérieurs – le plus grand, le lac de la Müritz, a une surface de 117 kilomètres carrés – est sa nature intacte. Son littoral aux formes variées offre des horizons infinis, de même que son arrière-pays varié avec ses collines ondulantes, ses champs et ses landes à perte de vue et ses immenses forêts.

Les deux parties du Land, le Mecklembourg et la Poméranie occidentale, ont connu une histoire divergeante. Alors que la Poméranie occidentale a longtemps été placée surtout sous la dictature de la Suède et, plus tard, en tant que partie de la province de Poméranie, de la Prusse, le Mecklembourg a été une région autonome du Reich allemand. Il était subdivisé en deux Land depuis 1701: Mecklembourg-Schwerin et Mecklembourg-Strelitz. Ce n’est qu’en 1934 que les deux Länder mecklembourgeois ont de nouveau été réunis. Le Land du Mecklembourg-Poméranie occidentale a été créé après la Seconde Guerre mondiale comme partie de la RDA, mais fut rapidement dissolu et subdivisé en trois districts jusqu’à ce qu’il soit recréé, en 1990, en tant que Land de la République fédérale d’Allemagne. Le Mecklembourg-Poméranie occidentale a aujourd’hui environ 1,83 million d’habitants. Le dialecte bas allemand est répandu comme langue quotidienne.

Des villes historiques méritant le détour. La célèbre architecture de brique gothique caractérise les vieilles villes de la Hanse du Land comme Rostock, Wismar, Stralsund et Greifswald. Pendant des siècles, les ports de la Baltique ont été des lieux de transbordement pour les produits originaires de ou destinés à la Scandinavie. Rostock et Greifswald ont une réputation séculaire comme villes universitaires. La capitale du Land du Mecklembourg-Poméranie occidentale est Schwerin (111000 hab.). Ses principales curiosités sont le château, l’ancienne résidence des grands ducs de Mecklembourg-Schwerin, aujourd’hui le siège du Landtag du Mecklembourg-Poméranie occidentale. D’autres édifices particulièrement intéressants sont le Théâtre d’Etat du Mecklembourg, le Musée d’Etat avec son admirable collection de peintures hollandaises et flamandes du XVIIe siècle, et la cathédrale qui est l’un des édifices les plus connus du gothique de brique.

La plus grande ville du Land est Rostock avec 221000 habitants. L’église Sainte-Marie renferme une horloge astronomique du XVe siècle. La ville est surtout connue pour sa station balnéaire de Warnemünde et les «Journées portuaires hanséatiques». Neubrandebourg (79000 hab.) a préservé presque totalement son dispositif de défense médiéval avec ses quatre portes de remparts.

Les bases de l’économie. Huit ans après le passage de l’économie planifiée à l’économie de marché, la transformation de l’économie du Mecklembourg-Poméranie occidentale a fait de grands progrès. Les secteurs les plus importants sont les chantiers navals, l’industrie alimentaire et des produits d’agrément, le bâtiment, les constructions mécaniques, l’industrie des matériaux du bâtiment et l’industrie du bois. Les ports maritimes sont encore un facteur économique de toute première importance. Le plus grand port est celui de Rostock. Celui de Mukran, à Rügen, voit son importance augmenter, car il garantit des liaisons rapides vers la Baltique. Un réseau routier et ferroviaire bien structuré relie le Mecklembourg-Poméranie occidentale à ses voisins. Une autoroute longeant le littoral est en cours de construction.

Dans le Mecklembourg-Poméranie occidentale, l’agriculture a une importance plus grande que dans les autres Länder fédérés; elle produit surtout des céréales, des oléagineux (colza) et des pommes de terre. 80 % des surfaces arables sur un total de 1,3 million d’hectares sont exploités par des fermes de plus de 500 ha.

Le tourisme est un facteur économique de poids pour le Mecklembourg-Poméranie occidentale. Près de 1900 logis avec plus de 106000 lits sont à la disposition des visiteurs. En 1996, 2,8 millions de touristes se sont rendus dans le Mecklembourg-Poméranie occidentale. L’attraction touristique la plus connue est Rügen, la plus grande île d’Allemagne (930 km2). Ses falaises de craie blanche exercent une fascination à laquelle on échappe difficilement. De nombreux visiteurs sont aussi attirés par le château de chasse Granitz ou le Festival de Stortebeck. Le Land veille soigneusement à ce que le tourisme en plein essor hypothèque le moins possible l’environnement. 296 zones de protection de la nature, 103 zones de protection du paysage, trois parcs nationaux et une réserve de biosphère témoignent de l’importance dont jouit ici la protection de la nature et de l’environnement.

La science et les arts. Parmi les personnalités les plus connues originaires de l’actuel Mecklembourg-Poméranie occidentale, citons le peintre Caspar David Friedrich (1774-1840), de Greifswald, qui a illustré dans son célèbre style romantique les paysages de sa patrie. Fritz Reuter (1810-1874) a décrit avec réalisme en dialecte bas allemand le Land et ses habitants. Otto Lilienthal (1848-1896), le pionnier de l’aviation, a fait ici de nombreux vols en planeur. Ernst Barlach (1870-1938), sculpteur et poète, a réalisé l’œuvre de sa vie à Güstrow. Uwe Johnson (1934-1984) a élevé un monument littéraire à sa patrie dans ses romans et essais.

La Basse-Saxe

Mer des Wadden et landes. Sa surface de 47338 km2 fait de la Basse-Saxe le deuxième Land de la République fédérale; elle est même plus grande que la Suisse. Elle va de Borkum, île de la mer du Nord au climat de haute mer, au Harzgebirge connu pour ses stations de sports d’hiver toujours enneigées. Entre ces deux régions, on trouve la grande agglomération de Hanovre, des régions de lande isolées et la plaine de Hildesheim avec les sols les plus fertiles de l’Allemagne. La Basse-Saxe compte environ 7,7 millions d’habitants. S’y ajoutent, chaque année, des millions de touristes qui viennent se reposer sur les sept îles de Frise orientale – Borkum, Juist, Norderney, Baltrum, Langeoog, Spiekeroog et Wangerooge – dans le Harz, le Weserbergland, la Teutoburger Wald ou la lande de Lunebourg (le plus ancien parc naturel d’Allemagne) ou qui veulent s’informer lors des deux plus grands salons du monde. L’Altes Land, la plus grande région fruitière d’Europe, aux portes de Hambourg, est particulièrement séduisante pour les visiteurs à l’époque de la floraison des pommiers. C’est là que commence le «triangle humide»: une zone de basses terres entre les estuaires de l’Elbe et de la Weser avec la mer des Wadden, le plus grand parc naturel d’Allemagne, la ville de pêcheries de Cuxhaven et la colonie d’artistes de Worpswede. La Basse-Saxe propose aux cyclistes le plus dense réseau de pistes cyclables d’Allemagne.

Patrie de la Coccinelle – centre de production d’énergies alternatives. Hanovre (523000 hab.), la capitale du Land, est un centre industriel et de services ainsi que le siège d’un fabricant d’articles de papeterie de réputation mondiale et de la plus grande agence de voyages européenne, TUI. La plus grande foire industrielle du monde et la «CeBIT», un important salon international de l’informatique, présentent chaque année les innovations les plus récentes. L’exposition universelle «EXPO 2000» se tiendra à Hanovre du 1er juin au 31 octobre 2000 sous le thème «Homme – Nature Technique». Les deux tiers du Land sont consacrés à l’agriculture; les produits de l’industrie alimentaire sont très diversifiés et vont des jambons d’Oldenbourg au miel de Lunebourg. La Basse-Saxe n’en est pas pour autant une région essentiellement agricole: outre des activités traditionnelles comme les chantiers navals (par exemple Meyer à Papenbourg, qui fabrique surtout des paquebots de luxe), la sidérurgie et la chimie, les plus importantes sont aujourd’hui l’électronique et l’informatique. La VW Coccinelle originaire de Wolfsbourg est la voiture la plus construite du monde; elle est produite au Mexique aujourd’hui encore. Volkswagen AG est la première entreprise du Land et a jusqu’ici construit plus de 50 millions de voitures en BasseSaxe. La Fondation VW est la plus grande fondation allemande non publique qui se consacre à la promotion des sciences. A Brunswick (251000 hab.), on fabrique les appareils photos Rollei, de réputation mondiale, et les pianos Schimmel. La ville est le siège de l’Office fédéral de technique physique, une administration qui se consacre au contrôle, à l’étalonnage et aux homologations et qui fixe, notamment, l’heure centreuropéenne exacte. A Peine et Osterode, on construit des magnétoscopes et lecteurs de CD. MAN, à Salzgitter (117000 hab.), fabrique notamment des camions et Wilhelmshaven est le seul port en eau profonde d’Allemagne pour les super-pétroliers. Le Transrapid, le train à sustentation magnétique sans roues, fait ses essais dans l’Emsland.

Le gaz naturel de Basse-Saxe couvre un cinquième des besoins de la République fédérale. L’Agence pour l’énergie de Basse-Saxe projette déjà, entre l’Ems et l’Elbe, des alternatives pour le prochain millénaire, du courant électrique produit avec le vent, le soleil, le gaz de décharges et les excréments animaux.

Explorateurs et inventeurs, esprit et politique. Diederik Pining, de Hildesheim, au service de la couronne danoise, a mis pied à terre en Amérique dix-neuf ans avant Christophe Colomb, à savoir sur le continent. Gottfried Wilhelm Leibniz a mis au point, à Hanovre, le système numérique binaire et a construit la première machine à calculer fiable du monde. Carl Friedrich Gauss, de Brunswick, a inventé le télégraphe, et Robert Wilhelm Bunsen, de Göttingen, l’accumulateur au zinc-charbon. Werner von Siemens, de Lenthe, est le père de la production de courant électrique par dynamo et Emil Berliner, de Hanovre, celui du grammophone. Dans la lande de Vahrenwald, à Hanovre, Karl Jatho a réussi le premier vol motorisé de l’histoire trois mois avant les essais des frères américains Wright. Walter Bruch, lui aussi natif de Hanovre, a mis au point le système PAL-Color pour la télévision en couleur. En 1961 a été édité le dernier volume du «Dictionnaire allemand»: on y a travaillé pendant 123 ans. Cette œuvre séculaire avait été entamée par les frères Grimm, en 1838, à l’université de Göttingen. Un an plus tôt, ceux-ci et cinq autres professeurs, les «Sept de Göttingen», avaient protesté contre l’abolition de la constitution du Land par les souverains. En 1957, les «Dix-huit de Göttingen» ont mis en garde contre la course aux armements nucléaires, avec parmi eux les lauréats du prix Nobel Max Born, Otto Hahn, Werner Heisenberg et Max von Laue.

Des témoins de pierre du pouvoir. A la charnière du Xe siècle, Hildesheim (106.000 hab.) était le centre du Reich ottonien et Bardowick – quasiment inconnue aujourd’hui – était au XIIe siècle la principale place de négoce entre l’Est et l’Ouest. Plus tard, Brunswick est devenue l’une des quatre principales métropoles de la fin du Moyen-Age. A la fin du XVIe siècle, le port d’Emden était le plus fréquenté d’Europe et, au XVIIIe siècle, ClausthalZellerfeld, dans le Harz, était l’un des plus grands centres industriels mondiaux en raison de ses riches gisements de minerais. On trouve partout des témoignages de pierre du passé: l’église d’Idesen, âgée de 900 ans, est considérée comme le plus important édifice sacré de son époque en Allemagne. La plus grande bibliothèque médiévale du monde se trouve à Wolfenbüttel; G. W. Leibniz et G. E. Lessing y ont travaillé. Goslar, avec son magnifique panorama urbain, possède avec la forteresse impériale le plus grand édifice profane du Moyen-Age. L’église SaintMichel d’Hildesheim, de style roman, est impressionnante.

Le Musée du duc Anton Ulrich, à Brunswick, est le plus ancien musée des Beaux-Arts du continent européen. Le théâtre où l’on joue depuis le plus longtemps en Allemagne se trouve à Celle. D’importantes collections d’art moderne se trouvent à la Kunsthalle d’Emden et au Musée Sprengel d’art moderne, à Hanovre, alors que Hildesheim, avec le Musée Roemer et Pelizaeus d’art égyptien de l’Antiquité, est une attraction particulière pour les amateurs d’archéologie. La «Violinale», à Hanovre, est l’un des plus importants concours de violon du monde.

La Rhénanie-du-Nord-Westphalie

Une région industrielle d’envergure européenne. Pôle industriel, centre de technologies modernes, Land de la culture et des médias: la Rhénanie-du-Nord-Westphalie, Land le plus peuplé d’Allemagne avec près de 18 millions d’habitants, où l’on ne trouvait jadis pratiquement que des cheminées d’usine, des chevalements et des hauts fourneaux, a subi de profondes mutations structurelles au cours des dernières décennies. Le Land du charbon et de l’acier est devenu un Land avec le charbon et l’acier, mais aussi de nouvelles branches d’avenir et, notamment en vertu de son exceptionnelle infrastructure, un site attrayant pour les investisseurs allemands et étrangers. Près de la moitié de la population vit dans des villes de plus de 100000 habitants et, avec 527 habitants au km2, la densité démographique est l’une des plus élevées d’Europe. Personne ne parle plus, aujourd’hui, du «pot de charbon» d’autrefois. Une doléance des années soixante – «un ciel bleu au-dessus de la Ruhr» – est accomplie depuis longtemps. Près de 52% de la superficie de la Rhénanie-duNord-Westphalie sont utilisés pour l’agriculture, 25% sont peuplés de forêts. Pourtant, la Ruhr est et reste, avec ses quelque 5,4 millions d’habitants, la plus grande zone industrielle européenne d’un seul tenant. De nombreux producteurs et fournisseurs d’énergie ont leur siège dans ce Land qui est, en outre, le site de l’industrie des supercentrales et de l’industrie chimique. La création de la Rhénanie-du-Nord-Westphalie comme Land remonte à l’occupation britannique après la Seconde Guerre mondiale lorsque la plus grande partie de l’ancienne province prussienne du Rhin et la province de Westphalie fusionnèrent en 1946, rejointes, plus tard, par Lippe-Detmold.

Bonn-sur-le-Rhin (303000 hab.) a été élue en 1949 comme capitale provisoire de la République fédérale. Après l’unification de l’Allemagne, Berlin a été choisie comme capitale définitive. En l’an 2000, le siège du Bundestag et du gouvernement fédéral sera aussi transféré sur les rives de la Spree. La «ville fédérale» de Bonn assumera cependant, à l’avenir aussi, un rôle important comme centre administratif et scientifique en Allemagne.

Charbon, acier et médias. Aujourd’hui, les bases de l’économie en Rhénanie-du-Nord-Westphalie sont plus diversifiées que jamais. Depuis 1960, le nombre des salariés dans le secteur minier a considérablement régressé; à cette époque, un salarié sur huit travaillait encore dans ce secteur, contre seulement un sur 25 aujourd’hui – dans la Ruhr, seules quatorze mines de charbon sont encore en activité actuellement. De nombreux emplois ont par exemple été créés dans les médias et la culture, qui sont entre-temps devenus les secteurs enregistrant les plus fortes augmentations annuelles du chiffre d’affaires. En 1996, le groupe de médias américain Time Warner érige, à Bottrop-Kirchhellen, un parc cinématographique et des studios de cinéma pour plus de 360 millions de DM – le plus grand investissement jamais réalisé dans ce secteur en Allemagne. L’Ecole supérieure des Beaux-Arts pour les médias, à Cologne, l’Institut de pratique des médias et de transfert de médias près l’Ecole supérieure Folkwang d’Essen, l’Académie de perfectionnement dans les médias à Siegen ne sont que quelques exemples des activités déployées par le Land fédéré dans ce domaine.

Environ 66% des actifs de Rhénanie-du-Nord-Westphalie travaillent aujourd’hui dans le secteur tertiaire. Ici, les mutations structurelles sont toujours allées de pair avec un renouvellement écologique: avec ses entreprises innovatrices travaillant dans le domaine de la protection de l’environnement, le Land est devenu un leader européen pour l’écologie.

La vie économique très animée s’appuie sur un dense réseau d’autoroutes, de voies ferroviaires et de voies navigables qui relient entre elles les nombreuses grandes villes comme Cologne (964000 hab.), Essen (612000), Dortmund (597000), Düsseldorf (571.000, Duisbourg (533000), Bochum (398000), Wuppertal (380000), Bielefeld (324000), Gelsenkirchen (289000), Mönchengladbach (267000), Münster (266000), Krefeld (248000) et Aix-la-Chapelle (248000). A cela s’ajoutent les aéroports de Düsseldorf et de Cologne-Bonn; Duisbourg-sur-le-Rhin possède le plus grand port fluvial du monde.

44 des 100 plus grandes firmes allemandes ont leur siège en Rhénanie-du-Nord-Westphalie. Outre des géants de l’industrie comme Bayer-Leverkusen, VEBA AG ou Bertelsmann, maison d’imprimerie et d’édition, environ 600.000 petites et moyennes entreprises y ont une unité de production. Düsseldorf est l’une des premières places bancaires d’Allemagne. Pour les assurances, Cologne occupe l’une des premières places en Allemagne.

Avec Düsseldorf, Cologne, Dortmund et Essen, la Rhénaniedu-Nord-Westphalie possède quatre grands sites de foire compétitifs sur le plan international. Plus de 25% des exportations allemandes proviennent de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, qui absorbe près d’un quart des importations allemandes.

Science, culture et loisirs. Depuis les années 70, l’un des plus denses et plus diversifiés paysages universitaires a été créé en Rhénanie-du-Nord-Westphalie: 52 établissements supérieurs en tout genre préparent, sur 70 sites, quelque 510.000 étudiants et étudiantes à leur avenir professionnel. Un réseau de centres technologiques et de services de transfert – dont dix instituts de la Société Max-Planck, cinq de la Société Fraunhofer ainsi que le Centre pour l’innovation et la technique «Zenit» à Mülheim/Ruhr – garantit que les petites et moyennes entreprises puissent aussi profiter du savoirfaire des établissements supérieurs.

Largement plus de douze millions de personnes visitent chaque année les 570 musées du Land, dont le Mille des Musées de Bonn, le Musée Wallraf-Richartz et le Musée Ludwig à Cologne, les collections d’art du Land à Düsseldorf ou le Musée Folkwang à Essen. Le Land contribue à la sauvegarde de plus de 75000 monuments historiques; nulle part ailleurs dans le monde, on ne trouve autant d’éminents représentants des arts plastiques modernes qu’aux académies des Beaux-Arts de Düsseldorf et de Cologne. Le dense paysage théâtral avec plus de 160 scènes assure une diversité culturelle et un prestige international. Le Festival de la Ruhr, les Rencontres de théâtre de RNW, le Festival du court-métrage d’Oberhausen ainsi que le Collège des traducteurs européen de Straelen et l’Ecole de théâtre de Bochum jouissent, par exemple, d’un prestige suprarégional. Pina Bausch et son théâtre de danse sont aussi connus à New York et Tokyo que dans sa ville natale de Wuppertal. Avec un programme aussi diversifié, on ne s’étonnera pas que la Rhénanie-du-Nord-Westphalie accueille chaque année près de 13 millions de touristes, soit 34 millions de nuitées. Ces touristes qui se rendent dans les salons en profitent pour apprécier les paysages naturels du pays de Münster avec ses féeriques châteaux entourés de douves ou pour passer leurs vacances d’hiver dans le Sauerland ou encore pour faire de la planche à voile sur l’un des nombreux lacs artificiels.

La Rhénanie-Palatinat

Au cœur de l’Europe. Le Land de Rhénanie-Palatinat a été créé par le gouvernement militaire français après la fin de la Seconde Guerre mondiale, le 30 août 1946. Il n’a pas été créé sur des structures organiques, mais constitue une mosaïque de régions qui n’avaient auparavant rien de commun: des parties des provinces rhénanes prussiennes, des parties de la Hesse situées sur la rive gauche du Rhin et le Palatinat, qui rappelle la Bavière. Au fil du temps, la Rhénanie-Palatinat s’est cependant suffisamment rapprochée pour se donner sa propre identité.

La Rhénanie-Palatinat tire avantage de sa situation géographique. Le vaste et moderne réseau d’autoroutes et de routes nationales, les liaisons ferroviaires rapides entre Mayence, Kaiserslautern, Trèves, Ludwigshaven et Coblence, les grandes voies navigables que sont le Rhin et la Moselle ainsi que la proximité de trois puissantes conurbations économiques – Rhin-Main, Rhin-Neckar et Rhin-Ruhr – sont des préalables optimaux qui ont fait que la Rhénanie-Palatinat est aujourd’hui l’une des régions les plus dynamiques d’Allemagne. Par tradition, les rapports de la population avec ses trois Etats voisins (France, Luxembourg et Belgique) sont bons.

Une vieille région culturelle européenne. Au fil des siècles, Celtes, Romains, Bourguignons et Francs se sont établis sur les rives du Rhin. A Spire, Worms et Mayence se trouvent les grandes cathédrales impériales du Moyen-Age. Le prince-électeur de Mayence était le chancelier du «Saint Empire romain germanique». La plus ancienne synagogue d’Allemagne a été construite en 1034 à Worms dans le style roman. C’est dans cette ville que le réformateur Martin Luther a refusé de récuser ses thèses, lors de la Diète de 1521. A Coblence, le journal libéral «Rheinischer Merkur» a combattu, trois siècles plus tard, la dictature napoléonienne et la censure de la presse. Au château de Hambach a eu lieu, en 1832, la première manifestation démocratico-républicaine de masse. Le Musée mondial de l’imprimerie, le Musée Gutenberg de Mayence, présente ses trésors dans la ville natale de l’inventeur de l’imprimerie à caractères mobiles, Johannes Gutenberg (1400-1468). Le philosophe et fondateur du socialisme scientifique, Karl Marx (1818-1883), est né à Trèves.

Viticulture et industrie. Les produits de Rhénanie-Palatinat bénéficient d’une demande constante sur les marchés allemand et internationaux. Avec un taux d’exportation d’environ 40%, ce Land est le champion d’Allemagne des exportations. Son économie est extrêmement diversifiée: la Rhénanie-Palatinat est à la fois un fief de la viticulture (les deux tiers des récoltes de vin allemandes sont faites ici) et un important producteur de bois, mais aussi l’un des grands sites de la chimie et un sous-traitant de l’automobile. Des spécialités sont l’industrie des pierres précieuses à Idar-Oberstein, la céramique et la verrerie de la Westerwald, la maroquinerie du Hunsrück et du Palatinat. Les PME sont l’épine dorsale de l’économie de la Rhénanie-Palatinat; le premier employeur industriel est l’industrie chimique et des matières plastiques: BASF, à Ludwigshaven, est la plus grande usine chimique d’Europe et, simultanément, la première entreprise de production de Rhénanie-Palatinat. Quatre autres plus grandes entreprises de Rhénanie-Palatinat sont aussi sises sur le Rhin: Boehringer (pharmacie) à Ingelheim, Joh.A. Benckiser (chimie/ cosmétiques) à Ludwigshafen, SGE Deutsche Holding (bâtiment) à Ludwigshafen et les verreries Schott, à Mayence. La plus grande station de télévision d’Europe, la Zweites Deutsches Fernsehen (ZDF), a son siège à Mayence, la capitale du Land de Rhénanie-Palatinat où l’on trouve aussi l’émetteur SAT.1.

Des paysages pittoresques. La Rhénanie-Palatinat se trouve au centre du Massif schisteux rhénan. La romantique vallée du Rhin entre Bingen et Bonn est l’une des plus belles contrées d’Allemagne, voire du monde, une terre de légendes festonnée d’innombrables châteaux forts et chantée par de multiples poètes, peintres et musiciens. Ici comme dans la vallée de la Moselle pousse un vin que les connaisseurs du monde entier apprécient et les autres affluents du Rhin, la Nahe, la Lahn et l’Ahr sont aussi des régions viticoles nichées dans d’admirables paysages. La «Route du Vin allemand» longe la forêt du Palatinat.

Depuis toujours, le Rhin a été l’artère vitale de la région. Ludwigshafen (167000 hab.), Mayence (185000 hab.) et Coblence (109000 hab.) se trouvent sur ses rives. A Kaiserslautern (102000 hab.), Frédéric Ier Barberousse fit ériger un château fort; la ville romaine de Trèves (100000 hab.) a 2000 ans. Ses édifices romains figurent sur la liste des monuments culturels historiques de l’UNESCO au même titre que les cathédrales de Spire, Worms et Mayence, l’abbaye de Maria Laach dans l’Eifel, le château fort d’Eltz, Oberwesel-sur-le-Rhin, l’église Sainte-Catherine d’Oppenheim, St-Paulin de Trèves et la citadelle de Coblence-Ehrenbreitstein.

Artistes d’hier et d’aujourd’hui. La lumière incomparable et les paysages romantiques du Palatinat ont inspiré les peintres impressionnistes Max Slevogt (1868-1932) et Hans Purrmann (1880-1966). Des peintres contemporains de grand renom sont par exemple Heijo Hangen et Karl-Otto Götz; Franz Bernhard, Erwin Wortelkamp et Michael Croissant étant des sculpteurs réputés. Un attrayant programme culturel à l’échelle du Land est organisé chaque année, du 1er mai au 3 octobre, sous le nom de d’«Eté culturel de Rhénanie-Palatinat», qui est devenu un forum pour tous les milieux artistiques du Land.

La Sarre

Une histoire faite de bouleversements. L’évolution politique du plus petit Land d’Allemagne reflète les aléas de l’histoire allemande au XXe siècle. Région riche en mines de charbon et usines sidérurgiques, elle a été séparée du Reich allemand en 1920 après la Première Guerre mondiale, lors de l’entrée en vigueur du traité de Versailles, et placée sous la tutelle de la Société des Nations. En 1935, la population vota avec plus de 90% des voix pour la réintégration politique dans l’Allemagne. La même chose s’est produite après la Seconde Guerre mondiale: l’occupant français ferma la frontière de la Sarre vis-à-vis du reste de l’Allemagne. Lors du référendum de 1955, les Sarrois ont de nouveau voté à une grande majorité pour l’appartenance à la République fédérale. L’accord donné par la France à ce vœu a été une pierre milliaire dans la voie de la réconciliation franco-allemande. La réintégration, le 1er janvier 1957, s’est faite conformément à l’article 23 de la Loi fondamentale – un précédent pour le processus d’unification allemande de 1990.

Ville, campagne, fleuve. La Sarre, un affluent de la Moselle, a donné son nom au Land; elle fait aussi partie du nom des plus grandes villes. La Sarre s’écoule en de pittoresques méandres – le méandre de la Sarre à Cloef, près d’Orscholz, est une destination appréciée des touristes et promeneurs. Sur le cours inférieur du fleuve, on cultive un vin très apprécié des connaisseurs. Mais les Sarrois n’apprécient pas que lui: la cuisine autochtone allie la tradition allemande au raffinement français – ce qui n’est qu’un exemple de l’osmose harmonieuse du mode de vie de deux pays voisins dans la Sarre. Sarrebruck (188000 hab.), la capitale du Land, est aussi un grand site industriel et une ville de congrès qui organise le Salon international de la Sarre. L’église Saint-Louis, construite de 1762 à 1775 par Friedrich Joachim Stengel, est un magnifique édifice baroque. L’université de la Sarre, à Sarrebruck, ainsi que des écoles supérieures de musique et des Beaux-Arts et d’autres établissements supérieurs sont aussi fréquentés par de nombreux étudiants des pays voisins. Sarrebruck propose un programme culturel très diversifié avec des festivals de cinéma et de théâtre, des musées, des orchestres et des chorales. Le metteur en scène Max Ophüls (1902-1957), né à Sarrebruck, a écrit des chapitres de l’histoire du cinéma avec de merveilleuses comédies.

Le nom de la ville de Saarlouis rappelle qu’ici, il y a environ trois siècles, le roi français Louis XIV fit construire par son architecte Vauban une citadelle destinée à protéger ses conquêtes à l’ouest de l’Allemagne. Aujourd’hui, Saarlouis est une importante ville industrielle (automobile et sidérurgie, alimentation et électricité).

Völklingen est tout entière dédiée à son haut fourneau créé en 1873 et qui était déjà l’un des premiers producteurs d’acier de l’ancien Reich allemand vers 1890. En 1986, ce haut fourneau qui n’était plus concurrentiel sur le marché mondial a été désaffecté, mais il est préservé pour une grande partie. Aujourd’hui, c’est un musée de l’industrie que l’on utilise pour des manifestations culturelles. En 1995, l’UNESCO a inscrit le haut fourneau de Völklingen dans la liste de l’héritage culturel mondial.

Un paysage au cœur de l’Europe. «Les Sarrois nous montrent comment on peut être simultanément un bon Sarrois, un bon Allemand, un bon Européen et un bon voisin», a déclaré un jour l’ancien président fédéral Richard von Weizsäcker pour décrire les habitants de la Sarre. La région de la Sarre, de la Lorraine et du Luxembourg – réunies sous l’acronyme Saar-Lor-Lux – resserre de plus en plus ses liens aussi et surtout en raison d’importants nouveaux projets de communication. La verrerie et la céramique sont des secteurs traditionnels d’une importance suprarégionale, mais il y a aussi les constructions mécaniques, la métallurgie et l’industrie chimique. De plus, la Sarre cultive des projets de recherche de grande importance. Les technologies de l’information et des communications, la recherche sur les matériaux, l’électrotechnique, les technologies de production et la technique médicale sont des priorités tournées vers l’avenir. Une multitude d’établissements universitaires ou semi-universitaires de très haut niveau constituent l’interface entre la recherche et la pratique: par exemple, l’Institut Max-Planck d’informatique, le Centre allemand de recherche sur l’intelligence artificielle, les Instituts Fraunhofer pour les procédés de contrôle non

L’Etat libre de Saxe

Un grand centre industriel à l’Est. Avec environ 247 habitants au km2, la Saxe est le plus peuplé des nouveaux Länder et possède une longue tradition industrielle. Le triangle Dresde-Leipzig-Chemnitz était le cœur industriel de l’Allemagne avant la Seconde Guerre mondiale. Leipzig (457000 hab.) a été l’un des foyers de la résistance non violente au régime est-allemand; les grandes manifestations du lundi ont atteint leur apogée, le 9 octobre 1989, avec le slogan: «Nous sommes le peuple!» L’économie saxonne a été le théâtre de profondes mutations structurelles dans différents secteurs après le «Tournant». Aujourd’hui, environ 60% de la population active travaillent dans le secteut tertiaire.

On compte en Saxe plus de 510800 entreprises performantes au niveau des PME. Comparée aux autres nouveaux Länder, l’industrie joue toutefois un rôle nettement plus important. En Saxe, sur 1000 habitants, 73 travaillent dans l’industrie et près d’un tiers de toute la production industrielle des nouveaux Länder est à porter à l’actif de la Saxe. Les secteurs prédominants dans la production globale de l’industrie (industrie de transformation) sont l’alimentation (18%), les constructions mécaniques (14%), qui ont une longue tradition, l’automobile (13%) ainsi que la sidérurgie et la métallurgie (12%) et, enfin, l’informatique (matériel et logiciel, 11%); l’industrie automobile, notamment, est particulièrement dynamique. Actuellement, Dresde et ses environs sont en passe de devenir un centre important dans la fabrication de circuits intégrés.

Depuis 1710, la continuité a été assurée à la manufacture de porcelaine de Meissen dont l’emblème, deux épées bleues croisées, est mondialement célèbre. En 1708, dans son laboratoire situé sous la terrasse de Brühl, à Dresde, Johann Friedrich Böttger (1682-1719) avait découvert la formule de l’«or blanc».

Le premier appareil photo à miroir du monde a été construit à Dresde, où l’on fabrique aujourd’hui des choses aussi banales que du dentifrice, des filtres à cigarettes, des lotions buccales, des cartons de verres à bière et des filtres à café. Quatre universités à Leipzig, Freiberg, Dresde et Chemnitz, cinq écoles supérieures de technologie à Dresde, Leipzig, Zittau/Görlitz, Mittweida et Zwickau, quatre écoles des Beaux-Arts, l’Institut universitaire international de Zittau ou l’Académie de danse artistique – l’Ecole Palucca de Dresde – constituent la structure universitaire la plus riche des nouveaux Länder fédérés. Séminaires au nombre réduit d’étudiants, organismes de recherche ultramodernes et coopérations avec les entreprises garantissent une formation de grande qualité. Les établissements supérieurs de Saxe, dont l’enseignement est fortement axé sur la technique et les sciences naturelles, et la qualité de la formation constituent pour la Saxe un atout considérable au niveau du développement et de la commercialisation des produits technologiques. Avec l’Ecole supérieure de commerce de Leipzig, la Saxe possède le seul établissement supérieur privé des nouveaux Länder.

La «Florence de l’Elbe» et le «Petit Paris». En vue de son 800ème anniversaire, en 2006, Dresde (461000 hab.) ne néglige aujourd’hui aucun effort pour restaurer une partie de son panorama historique presque entièrement détruit pendant la Seconde Guerre mondiale. Plus de 200 grues dominent aujourd’hui la ville que l’on avait jadis surnommée affectueusement la «Florence de l’Elbe» en raison de sa magnificence architecturale et de son élégance; actuellement, les investissements privés et publics dépassent 50 milliards de DM. L’opéra, construit dans le style de la Renaissance italienne sur les plans de Gottfried Semper de 1870 à 1878, a été rouvert dès 1985. Le palais Taschenberg doit sa reconstruction à un investisseur privé: c’est aujourd’hui un hôtel de luxe. Dresde attire de nouveau d’innombrables touristes et est visitée chaque année par plus de cinq millions d’Allemands. L’église NotreDame de style baroque (construite de 1726 à 1743 par George Bähr) est actuellement en cours de reconstruction grâce à une campagne sans précédent financée essentiellement par des dons; pendant près de cinquante ans, les ruines ont commémoré les horreurs de la guerre. Environ un tiers des pierres d’origine vont pouvoir retrouver la place qui était jadis la leur. Un autre emblème de la ville est le Château de la Résidence. Sa reconstruction est financée grâce à des crédits publics. Il hébergera à l’avenir le Musée de l’histoire et de la culture saxonnes.

Depuis plus de 800 ans, Leipzig – qualifiée de «Petit Paris» dans le «Faust» de Goethe – est une ville de foires. Ces derniers temps, les anciennes foires universelles cèdent de plus en plus le pas à un concept de salons toujours plus spécialisés. Pour plus de 1,3 milliard de DM, Leipzig a créé en 1996, sur l’ancien aéroport de Mockau, un moderne parc des expositions. Leipzig a toujours été un grand centre de l’édition; la Foire du Livre organisée chaque année en mars s’est établie, avec Francfort/Main, comme foire de contacts, notamment pour l’Europe de l’Est. La fondation de l’université remonte déjà à 1409 et, depuis 1993, elle possède la première chaire de relations publiques d’Allemagne.

Tradition et modernisme. La Saxe a contribué à écrire de nombreux chapitres de l’histoire culturelle de l’Allemagne. Les compositeurs Heinrich Schütz, Jean Sébastien Bach, Carl Maria von Weber, Felix Mendelssohn Bartholdy, Robert Schumann, Richard Wagner et Richard Strauss ont oeuvré ici et y ont créé des oeuvres importantes. Aujourd’hui, l’orchestre de la Gewandhaus de Leipzig, le Choeur de la Croix, l’Opéra Semper et l’Orchestre d’Etat de Dresde ainsi que le Choeur Saint-Thomas de Leipzig jouissent d’une grande réputation internationale tandis que le chef d’orchestre Kurt Masur et le trompettiste Ludwig Güttler sont parmi les grands mondiaux de leur spécialité. Les musées du Land sont très diversifiés: les «Voûtes Vertes» renferment les trésors d’artisanat d’art que les princes-électeurs saxons, notamment Auguste le Fort (1670-1733), ont accumulés. La Galerie des Vieux Maîtres (avec la «Madone sixtine» de Raphaël) et la Galerie des Nouveaux Maîtres avec ses œuvres d’art exceptionnelles du Romantisme contiennent de précieuses collections. Nous pouvons citer aussi le Musée de la dentelle à Plauen, le Musée de l’automobile à Zwickau, le Musée de l’industrie à Chemnitz, les Collections minéralogiques à Freiberg, le Musée Lessing à Kamenz et le Musée des Sorbes à Bautzen, qui est la capitale des Sorbes de la Lausitz, une minorité slave.

La Saxe héberge une multitude de magnifiques châteaux et de parcs ou jardins artistiques datant le plus souvent de l’époque du baroque. Outre le Zwinger de Dresde, les châteaux de Moritzburg, Rammenau ou Klaffenbach, le château et le parc de Pillnitz et le jardin de Heidenau-Grosssedlitz méritent absolument une visite. La «Route de l’Argent» dans l’Erzgebirge et la «Route du Vin» de Saxe sont d’autres attractions touristiques, au même titre que le riche bouquet de festivals organisés au cours de l’année, par exemple le Festival de musique de Dresde, le Festival international de Dixieland et la Fête des coteaux de l’Elbe à Dresde, le Festival Karl May de Radebeul et les journées culturelles des «Rencontres» de Chemnitz.

La Saxe-Anhalt

Un Land au cœur de l’Allemagne. La Saxe-Anhalt s’étend de l’Altmark – contiguë, au Nord, à la Basse-Saxe – aux coteaux de la Saale et de l’Unstrut, la région viticole la plus septentrionale d’Allemagne, en passant par la plaine de Magdebourg et les bassins industriels de Halle et Bitterfeld. L’Elbe baigne ce Land sur une longueur d’environ 300 km. Dans le sud-ouest de la plaine de Magdebourg s’élève le Harz, dont le sommet culminant est le Brocken avec 1142 m de haut. De vastes réserves naturelles d’une grande beauté sont le parc national du Haut-Harz et la réserve de l’Elbe, où des castors vivent encore en liberté. L’histoire de la Saxe-Anhalt comme Land autonome est courte: ce Land n’a existé que de 1947 à 1952 avant d’être fondé à nouveau, le 3 octobre 1990, après l’unification de l’Allemagne. Certaines de ses régions sont parmi les régions culturelles les plus anciennes d’Allemagne.

Dans le Nord, l’Altmark a longtemps subi l’influence du Brandebourg alors que la Saxe dominait dans le Sud et à l’Est. L’Anhalt a été créée en 1012 sous les princes d’Ascanie et a atteint son apogée culturel notamment sous le prince Léopold III d’Anhalt-Dessau. La tsarine russe Catherine la Grande était originaire d’Anhalt-Zerbst.

Des villes comme dans les livres d’images. La capitale du Land, Magdebourg, citée pour la première fois dans des documents officiels en 805, est, avec 246000 habitants, la deuxième ville d’un Land plutôt peu peuplé. On y trouve la première cathédrale gothique construite en Allemagne: elle a été consacrée en 1363 et renferme le tombeau de l’empereur Othon Ier. Le monastère NotreDame, achevé en 1160 et pratiquement inchangé depuis, est le plus ancien édifice de la ville. La cathédrale, l’église du marché et la Tour rouge dominent l’historique place du marché de Halle (270000 hab.) qui a acquis sa fortune au Moyen-Age avec le commerce du sel. A Dessau (90100 hab.), le «Bauhaus» institué en 1925 par Walter Gropius a posé des jalons architecturaux à l’échelle mondiale. Les petites cités de Halberstadt, Wernigerode et Quedlinbourg avec leurs maisons à colombage du XVIe au XVIIIe siècle sont des villes du Harz qui valent absolument le déplacement. La Vieille Ville de Quedlinbourg et ses plus de 1200 maisons à colombage qui sont aujourd’hui rénovées l’une après l’autre figurent dans la liste de l’héritage culturel mondial de l’UNESCO. A Naumbourg, il faut absolument visiter la cathédrale Saint-Pierre et Saint-Paul, avec les statues de ses fondateurs, Ekkehard et Uta, du XIIIe siècle. Le parc de Wörlitz, qui couvre 112 hectares près de Dessau avec le château de Léopold III inauguré en 1773, est l’un des plus beaux jardins à l’anglaise d’Europe. Une attraction touristique populaire est la «Route du Roman» qui couvre environ 1000 km à travers la Saxe-Anhalt et relie entre eux plus de 70 édifices architecturaux de grande valeur.

Agriculture et grande industrie. Les sols de loess de la plaine de Magdebourg et des pieds du Harz figurent parmi les surfaces arables les plus fertiles d’Allemagne. On y cultive surtout des céréales, des betteraves à sucre, des pommes de terre et des légumes. Une industrie agro-alimentaire importante (notamment des sucreries) est établie ici. Magdebourg et Dessau sont des fiefs des machines lourdes et de l’automobile. De grands pôles d’investissement caractéristiques de la nouvelle structure économique du Land en émergence sont par exemple:

• La nouvelle raffinerie de pétrole «Leuna 2000» d’Elf Aquitaine,

• le pôle d’oléfine Buna, Leuna, Böhlen du groupe américain Dow Chemical,

• le projet d’usine de cellulose d’un consortium germano-scandinave (Kvaerner, Thyssen, Klöckner) près de Stendal.

Entre-temps, quelque 350 PME se sont établies comme sous-traitants, transformateurs ou prestataires de services à proximité de grandes entreprises industrielles comme Bayer Bitterfeld, Heraeus ou Ausimont dans le parc chimique de Bitterfeld/Wolfen.

Le sud de la Saxe-Anhalt fait ainsi revivre une tradition industrielle ancienne et novatrice. Ici, on a écrit des chapitres de l’histoire de l’industrie avec les premiers avions civils à carlingue tout en métal, aux usines Junker de Dessau, ainsi que le JU 52, l’avion civil le plus souvent construit des années 30. Le premier film couleur du monde a été présenté en 1936 par les usines Agfa de Wolfen.

Musique, arts et science. Le Festival Händel organisé chaque année à Halle attire des amateurs de musique venus de loin. L’un des plus connus des 140 musées du Land est la Galerie d’Etat de Moritzbourg avec ses nombreux tableaux du peintre germanoaméricain Lyonel Feininger. Le trésor de la cathédrale de l’abbatiale Saint-Servais, à Quedlimbourg, l’un des plus précieux d’Allemagne, a regagné l’abbatiale de façon aventureuse après avoir été volé durant la Seconde Guerre mondiale. Au pays de la Réforme, des témoignages diversifiés rappellent aujourd’hui encore l’action de Martin Luther et de Philipp Melanchthon, en particulier dans les villes luthériennes de Wittenberg et Eisleben.

L’université Otto-von-Guericke, à Magdebourg, est le plus récent des établissements supérieurs d’Allemagne. Elle a été créée en octobre 1993 par la fusion de l’université technique, de l’école supérieure de pédagogie et de l’académie de médecine. Plus de 12000 étudiants sont immatriculés à l’université Martin Luther de Halle-Wittenberg, âgée de plus de 300 ans. L’école supérieure des arts et de design au château fort de Giebichenstein, à Halle, devient de plus en plus populaire.

D’éminentes personnalités. Martin Luther (1483-1546) est né et décédé à Eisleben. L’église du château de Wittenberg, sur le portail de laquelle il a cloué ses 95 thèses en 1517, renferme son cercueil. Au château fort de Falkenstein, Eike von Repgow a écrit au XIIIe siècle le «Sachsenspiegel», le plus important livre de droit du Moyen-Age. Les «Formules magiques de Mersebourg», deux monuments linguistiques du haut allemand médiéval, sont originaires du Xe siècle. Georg Friedrich Händel est né à Halle, Georg Philipp Telemann est originaire de Magdebourg et Jean Sébastin Bach a composé à la cour princière de Köthen ses «Concertos brandebourgeois». Kurt Weill, l’un des compositeurs les plus expressifs de notre siècle, est originaire de Dessau.

En 1663, le naturaliste Otto von Guericke, qui a vécu un certain temps à Magdebourg, a, avec les hémisphères de Magdebourg, démontré l’action du vide et découvert le principe de la pompe à air. La première femme médecin d’Allemagne, Dorothea Christiana Erxleben, qui a passé sa thèse de doctorat en 1754 à l’université de Halle, était originaire de Quedlimbourg. Otto von Bismarck, chancelier du Reich de 1871 à 1890, est né en 1815 à Schönhausen dans l’Altmark. A l’occasion du centenaire de sa mort a été inauguré en 1998, dans sa ville natale, un Musée Bismarck.

Le Schleswig-Holstein

Plaque tournante de la Baltique. Le Schleswig-Holstein est le seul Land fédéré allemand à être baigné par deux mers: la mer du Nord et la Baltique. Land peu peuplé avec 2,6 millions d’habitants, il profite de sa situation géographique entre la Scandinavie et l’Europe de l’Est. Il est la plaque tournante pour les pays riverains de la Baltique, avec plus de 50 millions d’habitants l’une des grandes régions d’avenir de l’Europe. Pour préserver la beauté naturelle du Schleswig-Holstein, on accorde une grande importance à la protection de l’environnement. C’est pourquoi les efforts consentis pour la non-pollution des mers, mais aussi la protection de la nature et des sols sont des objectifs majeurs dans la politique du Land.

Indivisées pour l’éternité. Dès 1460, un traité prévoyait que les deux parties du Land, le Schleswig et le Holstein, devaient rester «indivisées pour l’éternité». Dans le Schleswig-Holstein, on ne parle pas seulement l’allemand et le bas allemand, mais aussi le danois et le frison. L’ethnie frisonne compte 40000 personnes qui vivent sur le littoral Ouest avec leurs îles et leurs halligs. Que 50000 Danois vivent dans le Schleswig-Holstein a son origine dans l’histoire. Ce cocktail de nationalités a pour conséquence que le Land est ouvert aux visiteurs du monde entier: environ 13 millions de touristes s’y rendent chaque année.

Des villes pétries de tradition. Kiel (244000 hab.), capitale du Land, est, chaque été, le rendez-vous de l’élite internationale de la voile lors de la «Semaine de Kiel», en marge de laquelle est aussi organisée une grande fête populaire. Les chantiers navals et les car-ferries – qui desservent notamment la Scandinavie – sont aussi indissociables de Kiel que l’imposant voilier-école «Gorch Fock», qui documente la symbiose entre la ville et la marine. Lübeck (216000 hab.) est la «Reine de la Hanse», que l’UNESCO a inscrite dans la liste de l’«Héritage culturel mondial de l’humanité» en raison de ses magnifiques édifices médiévaux. Les romans de Heinrich et Thomas Mann, deux frères natifs de Lübeck, sont de grandes œuvres de la littérature mondiale. Lübeck-Travemünde est l’un des plus importants ports européens pour les carferries. Flensbourg (86000 hab.) voit se réunir une fois par an des voiliers restaurés ou reconstruits pour la «Régate du rhum».

Une économie en mutation. Le Schleswig-Holstein a subi de profondes mutations, ce Land de l’agriculture et des pêches se muant de plus en plus en un site économique et technologique moderne. L’industrie des chantiers navals qui a jadis été le principal secteur d’activité de la capitale du Land, Kiel, notamment, a survécu aux crises structurelles en construisant des navires spéciaux. Environ un million d’hectares du Land sont consacrés à l’agriculture, mais l’avenir appartient incontestablement aux technologies modernes comme la technique maritime et médicale, les logiciels ou la technique énergétique et écologique. Avec plus de 1500 éoliennes, le Schleswig-Holstein est le numéro un allemand pour la production d’énergie par le vent, il est parmi les premiers pour la dotation en centres technologiques et compte, rien que pour le secteur de l’information et des communications (informatique), plus de 1000 entreprises.

L’infrastructure nécessaire a été créée simultanément. Des autoroutes ne constituent pas seulement l’important axe Nord-Sud puisque la desserte du littoral occidental pour le tourisme et l’économie est tout aussi importante. Pour former la relève scientifique dans son propre Land, trois universités et quatre IUT d’Etat ainsi que deux IUT privés ont été créés. Tout ceci contribue à donner au SchleswigHolstein une position enviée comme site économique au sein des Länder.

Un «tourisme doux». Helgoland, île de la mer du Nord aux célèbres falaises rouges, a hébergé le poète Heinrich Hoffmann von Fallersleben, en 1841, lorsqu’il a écrit l’hymne allemand. Les îles de la Frise septentrionale, dont la cosmopolite Sylt, la familière Föhr et la sympathique Amrum, sont un paradis des vacances au même titre que les stations balnéaires de la Baltique – la moderne Damp tout autant que l’idyllique Hochwacht ou la mondaine Timmendorf. Le parc national de la mer des Wadden attire les amis de la nature sur la mer du Nord. Avec ses nombreux lacs, la Suisse du Holstein est une région de repos dans l’intérieur des terres. Des localités comme Mölln, ville de Till Eulenspiegel, ou Schleswig, avec sa célèbre cathédrale où se trouve l’autel de Bordesholm post-gothique, créé par Hans Brüggemann de 1514 à 1521, un chef d’œuvre de la sculpture sur bois, et, bien évidemment, Lübeck valent absolument le voyage.

Musées et musique. On trouve un musée régional dans chaque ville de quelque importance, mais le château de Gottorf, près de Schleswig, a une réputation particulière à l’échelle du pays comme musée du Land. D’autres destinations intéressantes sont l’écomusée de Molfsee, près de Kiel, où l’on ne peut pas seulement découvrir la vie rurale d’une époque depuis longtemps révolue, mais aussi la vivre soi-même, et le musée sur le territoire de l’ancienne cité Wiking de Haithabu. Huit semaines par an pour la treizième fois déjà en 1998 – tout le Schleswig-Holstein se mue en une salle de concert. Le Festival de musique du Schleswig-Holstein, porté sur les fonts baptismaux par le pianiste Justus Frantz avec l’aide du gouvernement du Land, attire des stars du monde entier et un public qui assiste aux concerts dans des lieux aussi inhabituels que des granges et des étables, mais aussi des manoirs ou des châteaux. Il n’y a pas que les musiciens qui soient attirés par le Nord puisque de nombreux hommes de lettres célèbres ont élu domicile dans le Schleswig-Holstein: Günter Grass, Günter Kunert, Siegfried Lenz et Sarah Kirsch trouvent ici inspiration et repos.

L’Etat libre de Thuringe

Au cœur de l’Allemagne. La Thuringe se trouve au centre géographique de l’Allemagne et comporte, comme principale région, le bassin de Thuringe en forme de cuvette et la forêt de Thuringe. A l’Ouest, le Land va jusqu’à la Werra et, au Sud-Est, jusqu’à la Weisse Elster en passant par la Saale. Au Sud-Ouest se trouvent la Rhön et la forêt de Franconie est contiguë, au Sud. La Thuringe est entourée par cinq Länder fédérés, raison pour laquelle étendre le réseau de voies de communication est l’une des tâches majeures du gouvernement du Land. Les deux autoroutes A 4 et A 9, qui traversent la Thuringe dans le sens Ouest-Est et NordSud, passent actuellement à six voies. La construction d’un nouvel axe de circulation à travers la forêt de Thuringe (autoroute et voie ferrée pour TGV) instaurera une liaison impérieusement nécessaire qui tiendra compte de la situation centrale de la Thuringe et aurait déjà été réalisée depuis longtemps sans la division de l’Allemagne. La capitale du Land est Erfurt (208000 hab.), surnommée la «ville fleurie», avec sa Vieille Ville extrêmement riche en maisons patriciennes, églises et monastères, un véritable écomusée architectural.

Micro-Etats et culture. En Thuringe, le morcellement territorial de l’Allemagne était jadis particulièrement prononcé. Les souverains rivalisaient surtout dans le domaine culturel et se faisaient célébrer comme mécènes des Beaux-Arts. Le plus important était le duc Charles Auguste de Saxe-Weimar-Eisenach (1757-1828), qui a fait venir l’écrivain et traducteur de Shakespeare, Christoph Martin Wieland (1733-1813), le poète et linguiste Johann Gottfried Herder (1744-1803) et, surtout, Johann Wolfgang Goethe (1749-1832) dans sa résidence, qui devint, vers 1800, un foyer de la vie culturelle allemande et européenne. A Weimar ont été réalisées quelques-unes des œuvres les plus célèbres de Goethe, dont la version définitive de «Faust». De 1787 à 1789 et de 1799 à 1805, Friedrich Schiller a aussi vécu à Weimar, où il a notamment écrit son «Guillaume Tell».

Durant la seconde moitié du siècle dernier, le compositeur Franz Liszt (1811-1886) a donné des concerts et composé dans cette ville si éprise des arts. C’est aussi ici que, en 1919, Walter Gropius a fondé le «Bauhaus», un lieu d’enseignement où la séparation entre l’art, l’artisanat et la technique devait être éradiquée. En 1925, le «Bauhaus» fut transféré à Dessau et, quelques années plus tard, à Berlin, où il fut victime de la barbarie qui se répandit en 1933 après l’arrivée au pouvoir de Hitler. Elle scella le déclin de la Première république allemande, la «République de Weimar», dont la Constitution avait été élaborée et adoptée à Weimar en 1919.

Weimar (62000 hab.) a été élue capitale culturelle de l’Europe pour l’année 1999, qui sera aussi l’année du bicentenaire de la naissance de Goethe. C’est la plus petite des villes qui arborent ce titre. Pour 1999, on y attend entre quatre et cinq millions de visiteurs; le Land de Thuringe a investi 410 millions de DM dans la modernisation de l’infrastructure locale et régionale et 180 Millions de DM dans la promotion de l’économie. Le programme de cérémonies com porte plus de 300 manifestations – théâtre, danse, concerts, expositions, lectures, colloques et ateliers. Citons parmi les plus importants: la cérémonie solennelle pour le 800ème anniversaire de la République de Weimar, les créations de «Faust I et II», l’exposition sur le Classique de Weimar, au Musée national Goethe, et les fêtes pour l’anniversaire de la naissance de Goethe (28 août 1999).

Jean Sébastien Bach est né en 1685 à Eisenach comme fils d’une famille de musiciens réputés. Sur la Wartbourg toute proche, Martin Luther a traduit en 1522 le Nouveau Testament en allemand – une étape importante sur la voie de l’allemand comme langue moderne. Le 450ème anniversaire de la mort du réformateur a été l’occasion d’une «Année Luther 1996» en Thuringe.

Sur la Wartbourg, en 1817, des délégués des corporations estudiantines ont conjuré l’unification de l’Allemagne.

Industrie et artisanat. Au carrefour de voies de communication importantes, le commerce et l’artisanat ont trouvé en Thuringe un humus fertile; le pastel, une plante dont on extrayait un colorant bleu, a été à l’origine de son ancienne richesse. Une longue tradition artisanale a fait de Suhl l’«armurerie» des amateurs d’armes de chasse et de sport. L’industrialisation de l’Allemagne au XIXe siècle a démarré en Saxe et en Thuringe; des secteurs importants étaient les mines (potasse), la porcelaine, le verre, les jouets et, surtout, les machines-outils ainsi que l’optique, indissociable des noms de Zeiss et de Schott à Iéna.

La Thuringe a maintenant renoué avec ces traditions. Après la fin de la RDA et le bouleversement de l’économie par suite du tournant politique, de nouvelles structures conformes au marché ont été créées, qui permettent de faire venir des technologies futuristes dans l’Etat libre. C’est ainsi que la société «Jenoptik» est, après son assainissement, parvenue à se hisser au rang de groupe high-tech actif au niveau international. Avec quatre universités (Iéna, Weimar, Erfurt et Ilmenau), un certain nombre d’établissements supérieurs, une cinquantaine de centres de recherche et vingt centres technologiques, la Thuringe possède un paysage scientifique d’une grande densité. Iéna (100000 hab.) est toujours un pôle de l’optique. Les machines sont surtout construites à Gera (121000 hab.) et Erfurt. La micro-électronique est aussi une activité éminente dans la capitale du Land. A Eisenach, ce sont par tradition l’industrie automobile et ses sous-traitants qui prédominent; la nouvelle usine Opel est la chaîne de montage la plus productive d’Europe. Comme autres grandes industries, on trouve en Thuringe l’électrotechnique, les verreries et la céramique de précision, le traitement du bois, l’industrie textile et de la confection ainsi que la chimie.

La surface de la Thuringe est consacrée pour moitié à l’agriculture et les sols présentent en partie une très grande qualité. On y cultive des céréales, du colza, des pommes de terre et des betteraves à sucre. Le Land de Thuringe a toujours eu une excellente réputation dans la transformation des produits agricoles en denrées alimentaires.

Le «poumon vert» de l’Allemagne. Des forêts étendues et de vastes prairies, des vallées et des gorges romantiques font de la forêt de Thuringe une région attrayante pour les promeneurs et amateurs de sports d’hiver. Le Rennsteig, qui couvre 168 kilomètres le long de la ligne de crêtes de la forêt de Thuringe, est, avec le Chemin des Anes, dans le Spessart, le sentier de randonnée le plus ancien et le plus célèbre d’Allemagne. De nombreuses stations thermales se sont établies à proximité des omniprésentes sources thérapeutiques et minérales. Environ 170 lacs artificiels offrent des conditions idéales pour les sports nautiques. Naturellement, les visiteurs viennent aussi en Thuringe en raison des riches trésors culturels. La «Route des Classiques de Thuringe», de 300 km de long, qui a été inaugurée en 1992, permet d’accéder aux plus beaux endroits, aux châteaux forts et châteaux, aux musées et mémoriaux, rappelant toujours l’époque durant laquelle la Thuringe était le centre de la vie intellectuelle en Allemagne.

A Meiningen, le théâtre connaît une renaissance depuis que la ville est devenue célèbre au siècle dernier dans l’Europe entière avec l’ensemble de son Théâtre de la Cour, «Les Meiningeois». Ce succès spectaculaire était dû au duc George II de Meiningen, qui, en tant que régent, fit aussi prospérer les arts. Aujourd’hui, le théâtre fait partie des arts préférés du public allemand.